AD/CFE-CGC, le syndicat des professeurs des écoles qui défendent l'instruction publique

Depuis 2022, bientôt sept capitaines mais toujours aucun cap pour le navire !

Newsletter AD Premier degré / n°10 - septembre 2025

Le navire, c’est l’Éducation nationale. Ce ministère qu’on dit prioritaire… à condition qu’il reste secondaire.

On le couvre de déclarations d’amour républicain, on dit que l’éducation est une mission régalienne ou la mère des batailles et… on y recase des ministres à l’essai, des amateurs ou des ambitieux qui ne sont là que de passage, sans cap ni courage, sans ambition autre que personnelle. Puis l’on feint de s’étonner que le système s’enfonce dans la crise.

Depuis 2022, pas moins de six ministres se sont déjà succédés rue de Grenelle. Aucun n’a malheureusement pris la mesure de la profondeur de la crise que traverse l’école. Aucun n’a engagé la moindre réforme permettant d’enrayer la crise du recrutement non plus que celle du niveau scolaire en chute libre. Aucun n’a été à la hauteur de ses fonctions et de la situation. Tous se sont réfugiés dans des postures médiatiques mêlant idéologie hors sol et communication de circonstance.

Pap Ndiaye, l’intellectuel parachuté.

Un ministre sans consistance prenant ses ordres auprès des conseillers de l’Élysée. Pas de diagnostic. Pas d’idée. Pas de poids. Une incapacité à nommer les atteintes à la laïcité et à défendre les professeurs. Un flou total sur la mission de l’école.

Gabriel Attal, le surdoué de la communication.

Le ministre de la formule, du « retour de l’autorité » au « choc des savoirs ». Il fera certes beaucoup parler…surtout de lui ! Mais derrière les mots, rien ne changea dans les classes. Ni les programmes et leurs listes de « compétences » sorties d’une comédie de Molière, ni le soutien aux personnels qu’on remercie pour la forme à chaque rentrée pour les oublier le reste de l’année sauf s’il leur arrive malheur. Un ministre de passage finalement très occupé… par son propre agenda.

Amélie Oudéa-Castéra, trente jours de chaos.

Un mépris affiché pour les professeurs, suivi d’une défense calamiteuse lors d’une affaire familiale embarrassante. Son court ministère se déroula sur fond de tempête médiatique permanente. Elle aura réussi l’exploit de se décrédibiliser en moins de trois prises de parole !

Nicole Belloubet, le vide poli.

Aucun message. Aucun projet. Nommée pour calmer les esprits après la tempête provoquée par son prédécesseur, elle s’est finalement contentée d’attendre que son tour passe en parvenant à ne jamais mettre un pied au conseil supérieur de l’éducation, ce qui est une première ! Le mépris envers les représentants de la profession à son comble ! Pendant ce temps, nous restions livrés à nous-mêmes et seuls à devoir gérer dans nos classes les conséquences de tant d’inaction et de désinvolture.

Anne Genetet, le non-événement.

Nom inconnu et tiré au sort pour un ministère de l’inexpérience et d’une école abandonnée. En ce sens parfaitement en phase avec sa mission consistant à parler et ne rien faire.

Élisabeth Borne, la permanence de l’intérim.

Ministre totalement transparente et ne manifestant aucun intérêt pour son sujet, incapable en outre d’obtenir un quelconque arbitrage budgétaire en faveur de son ministère alors qu’elle jouissait du titre de ministre d’État et de « numéro 2 » du gouvernement. Ne s’animant que pour parler des quotas de filles dans la filières scientifiques, de l’EVARS, de l’égalité entre filles et garçons, questions semble-t-il plus importantes à ses yeux que l’effondrement du niveau scolaire, la crise des vocations et les souffrances engendrées par l’école inclusive .

Et vous, pendant ce temps ?

Vous teniez bon, à votre poste et avec les moyens du bord.

Vous continuiez à enseigner coûte que coûte. À 28, à 30, parfois plus. Avec deux, trois niveaux et parfois plus par classe. Faisant de votre mieux avec des profils d’élève complexes et des injonctions absurdes ou déconnectées en provenance de la hiérarchie.

On vous répète à longueur de temps que votre métier consiste désormais à éduquer. « Éduquer à ». Ceci et cela. Encore et encore. A la citoyenneté, à l’égalité, à l’écologie, à la sexualité, à la paix, à l’amour…

Mais qui ose encore parler d’instruire ? Personne ! Ce mot lui-même, qui faisait jadis la fierté de l’institution, n’est prononcé par la hiérarchie que du bout des lèvres et la bouche en cul de poule de peur de passer pour « réac ».

Chez Action & Démocratie/CFE-CGC, nous croyons toujours en l’école républicaine, ses promesses et ses principes. Nous refusons de laisser le « service public d’éducation » se dissoudre dans des missions annexes en se payant de slogans creux. Nous défendons l’instruction publique, parce que c’est la seule façon, en formant des esprits libres, de lutter contre l’endoctrinement. Nous défendons l’instruction publique, parce que c’est la première étape de l’égalité, comme Condorcet l’a parfaitement démontré. Nous aimons et défendons notre métier, qui est celui de professeur, non celui d’accompagnant du groupe classe.

Alors non, on n’a pas besoin d’un septième faux ministre s’il n’occupe les bâtiments de la rue de Grenelle que pour laisser le navire errer sans cap en attendant de le voir s’échouer.

L’Éducation nationale a besoin de retrouver un cap.

Le reste suivra.