INCLUSION_TÉMOIGNAGE

Cécile

Notre école dispose d’une classe ULIS, ce qui permet une inclusion partielle de la plupart des élèves à besoins particuliers, je mesure notre chance : En relation avec la collègue chargée de cette classe, nous avons pu mettre en place un emploi du temps qui tient compte du profil de chaque élève, une inclusion à visage humain, basée sur la réalité et pas sur un dogme. Mais pour d’autres enfants handicapés qui ne sont pas n ULIS c’est plus compliqué, j’ai par exemple un élève très dyslexique en CM2, l’adaptation me demande beaucoup de travail de préparation supplémentaire mais surtout le temps que peut lui consacrer son AESH est très insuffisant, cette personne -bien que compétente et dévouée- doit s’occuper de trois élèves dans l’école, c’est du saupoudrage !
Notre commune dispose d’un IME, je redoute le jour où il va fermer et où l’ensemble de ces enfants seront inclus en milieu ordinaire, ce sera ingérable.

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Pascal

« L’école inclusive », l’idée sur le papier est très belle mais la réalité de terrain est compliquée, l’inclusion ne devrait pas être systématique mais au cas par cas, tout dépend de la nature et de l’ampleur du handicap, je pense que certains élèves que l’on inclut n’ont pas leur place dans des classes ordinaires. Car mêmes les élèves dits « ordinaires » deviennent difficiles à gérer, avec une attention et une concentration très réduite, sans compter parfois les effectifs trop élevés. L’inclusion se rajoute à aux difficultés : j’ai chaque année des élèves qui ont des besoins particuliers, certains avec des notifications MDPH, d’autres qui ont des troubles non reconnus. A la fin d’une journée, c’est très frustrant de se dire « tu ne peux pas te multiplier » « tu ne peux pas répondre aux problématiques posées par ce type d’élèves »… Je vois trop d’enfants qui sont en souffrance et pour qui je ne peux rien faire. Les structures médico-éducatives adaptées doivent non seulement subsister mais même se développer, si l’Etat les ferme pour balancer tout le monde en milieu ordinaire, ce sera un désastre, la casse définitive du service public, plus personne n’arrivera à travailler. J’en veux à ces politiques qui n’ont aucune idée des réalités du terrain, ils ne voient que la communication et la comptabilité !

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Valérie (Orléans-Tours)

Je suis enseignante spécialisée de Réseau d’aide et je constate chaque jour les difficultés que rencontrent mes collègues avec l’école dite « inclusive » : élèves handicapés, autistes ou ayant des troubles du comportement, violents… Les enseignants du primaire sont dépassés et se sentent abandonnés. En début d’année, les PE de notre secteur demandent au RASED de prendre en charge les « enfants en difficulté » mais je suis contrainte de leur expliquer que beaucoup de ces enfants ne relèvent pas de notre champ de compétences, qu’ils ont un handicap et ont besoin d’une prise en charge extérieure. Ce diagnostic est souvent très mal pris par les collègues : « Mais qu’est-ce que je vais faire moi avec cet enfant ?! Tu pourrais quand même le pendre pour me soulager quelques heures par semaine ! » et c’est souvent ce que je finis par faire en effet. Mais cette prise en charge, inadaptée, ne sert qu’à aider l’enseignant et n’est pas bénéfique pour l’enfant.
L’école inclusive telle qu’elle est pratiquée est source de souffrance, l’enseignant n’est pas formé et se retrouve généralement seul face à un problème insoluble. Quand des soins extérieurs sont décidés, ils mettent beaucoup de tps à se mettre en place et encore plus de temps à faire de l’effet. Quand un placement en établissement médico-éducatif est décidé, il faut des années pour qu’une place se libère. Et -pire- si ces établissements venaient à fermer et leurs personnels transformés en équipes mobiles, les classes deviendront totalement ingérables : ces enfants à besoins particuliers qui réclament une attention spécifique et constante ne pourront jamais supporter la « pédagogie de masse » et les enseignants vont massivement jeter l’éponge. Ils sont déjà nombreux à le faire.

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Fadela

Nous avons eu notre évaluation d’école cette année, nous en avons profité pour déplorer le plus gros souci à nos yeux : la mutualisation des AESH ! J’avais l’année dernière un enfant de Moyenne section diagnostiqué hyperactif, il ne parvenait pas à se concentrer, à rester assis, il criait, se roulait par terre, se faisait même du mal, j’ai dit à mon IEN que s’il devait rester en milieu ordinaire alors il avait besoin d’une aide permanente, que les crises pouvaient se déclencher n’importe quand. Mais nous n’avons pas pu obtenir davantage d’heures. Finalement, ça s’est amélioré parce que l’enfant a reçu un traitement médical. Dans la classe de ma collègue qui a des GS/CP/CE1 une autre AESH est présente à plein temps mais pour 3 enfants à la fois !
Je suis scandalisée que la profession d’AESH soit si peu reconnue, mal payée et mal considérée, alors que ces personnels sont aujourd’hui essentiels. Si l’école inclusive va plus loin dans les prochaines années, en incluant tous les élèves handicapés, ce sera une catastrophe, car jamais l’Etat ne mettra les moyens suffisants.

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Lucie (Indre)

« Dans notre petite école de campagne, il a fallu attendre quatre ans avant qu’un enfant extrêmement violent soit enfin orienté en ITEP, cette situation a usé jusqu’à la corde plusieurs enseignants et fragilisé beaucoup d’enfants de la classe. Cet élève refusait tout travail et n’acceptait que de jouer ou colorier toute la journée. Quand il piquait une crise, il fallait que je protège les autres enfants, quitte à prendre des coups. Qu’on ne vienne pas me dire que la place de cet enfant était dans une école ordinaire, il avait besoin de soins urgemment et d’un enseignement adapté, il rendait aussi la vie impossible à ses camarades. Il faut des moyens pour les ITEP, ils sont débordés. Les enseignants comme moi ne sont pas formés à gérer une telle violence et ce n’est pas mon métier. »

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Philippe (Orléans-Tours)

L’Ecole inclusive, c’est pour moi la cause n°1 des souffrances psychologiques des enseignants du premier degré, et les instits ne vont pas bien, pas bien du tout. De plus, l’école n’est pas un lieu pour accueillir des enfants avec des handicapés mentaux aussi lourds, et la présece ou non de personnels AESH n’y change pas grand-chose, il faut à ces enfants des locaux adaptés, des personnels formés, sans quoi ils ne peuvent ni être heureux ni progresser.
On s’est plantés, il faut revenir là-dessus, les enfants à besoins particuliers doivent être inclus de façon intelligente et pas automatique, je sais que ce n’est pas politiquement correct mais je suis certain que la majorité de mes collègues le pensent sans oser le dire.

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Xavier (Nantes)

Quand je pense « inclusion », ça m’évoque d’abord cet élève que j’ai eu l’an dernier en classe de CM2 : Présent chaque matin de la semaine, il accaparait beaucoup de mon temps pour du travail adapté, souvent peu réussi. Son comportement était généralement inadapté (cris d’animal en classe, langage vulgaire, passages sous tables, chaises renversées, fuites dans la cour ou dans l’école – côté maternel -), des crises régulières, une insolence régulière, de la violence (coups de pied à mon encontre). Je l’ai ceinturé deux fois, en étant assis, car trop violent (une fois devant les élèves, en classe). Pour quel bilan ? pour moi : moins de temps pour les autres élèves de la classe, sur le qui-vive quand il était présent, une ambiance de classe dégradée avec de l’appréhension pour les élèves : de la peur, du stress, des pleurs parfois, des apprentissages perturbés …
Moi je ne l’ai eu qu’un an mais je pense à ses camarades qui l’ont subi plusieurs années de suite.
L’inclusion intelligente doit prendre certes l’élève intégré en compte mais aussi les autres élèves de la classe, l’enseignant et parfois aussi l’école entière (récréations).

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Marc (Versailles)

Comme indiqué, je fais cette démarche à titre individuel, mais tous mes collègues sont au courant ainsi que ma directrice.

Les conditions de travail deviennent désastreuses car n’ayant pas le personnel nécessaire au sein du dispositif Ulis (aesh) ainsi que des dossiers gevasco pour ces élèves demandant des prises en charge en IME qui ne sont pas honorées faute de place, nous accueillons des élèves dans des conditions inadaptées et ne respectant pas les conditions de sécurité (fugues, fuites) pour eux en particulier, mais évidemment aussi pour les autres élèves.
À ce jour, une collègue T1 est sur le poste d’ULIS et est au bord de craquer. Mes autres collègues sont comme moi, déjà « épuisés » nerveusement car, certains élèves demandent tellement d’énergie que ceux qui devraient être accueillis en dispositif Ulis ne le sont pas ou presque pas et demeurent dans leur classe de référence, sans quasiment aucun accompagnement d’AESH.
Nous venons d’accueillir ce jour un élève d’Ulis supplémentaire qui était à temps plein apparemment en IME à Arles et il a été affecté chez nous sans « autre forme de procès ». Il a mordu la collègue d’Ulis.

En outre, nous avons appris en fin d’année dernière que l’école subirait une inspection… la coupe déborde…

Nous voudrions mener une action intelligente et construite pour que notre hiérarchie fasse le nécessaire pour que le dispositif Ulis respecte son mode de fonctionnement afin que l’école sorte de ce mode très dégradé de travail.

Nous voudrions aussi savoir comment ne pas se laisser « embarquer » dans cette inspection d’école.

N’hésitez pas à m’appeler et vous remercie d’ores et déjà pour le temps que vous pourrez nous consacrer.

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Catherine (Versailles)

Dans l’école maternelle de 5 classes dans laquelle je suis directrice, nous accueillons depuis cette rentrée :
– 1 autiste avec 12h AVSi
– 1 retard global du développement avec 15h AVSi
– 1 déficient visuel avec 18h AVSi
– 1 trisomique avec 18h AVSi
Pour la 1ère fois, les nombre d’AVS de l’école correspondait à nos notifications à la rentrée, après 1 démission le 31/8 et un recrutement avec 1 semaine de retard, géré par l’IA (ce qui n’a pas toujours été le cas).
Mais nous avons aussi 2 dossiers MDPH déposé en mai, toujours en attente de notification. 1 élève en retard global de développement qui vient de déménager et dont l’AVS a suivi.
2 dossiers que nous avons fini par faire déposer à 2 familles après de nombreuses EE et beaucoup de diplomatie…
2 cas dont les parents ne veulent pas entendre parler de MDPH…
Dans le Rhône aujourd’hui, l’examen de dossier MDPH est de 8 mois.
Les attentes sont inacceptables, les AVS pas encore recrutés, mais les enfants bien présents dans les classes…
En résumé, nous avons aujourd’hui 10 élèves à besoins particuliers (notifiés ou non), dont seulement 4 sont pris en charge. Sans parler de ces nouveaux élèves qui ne supportent pas le NON, la frustration, l’attente, le partage, la vie en collectivité…
En maternelle, le « package » d’heures de notification n’est pas forcément en adéquation avec le « package » d’heures d’AVS : présence des élèves plutôt le matin, car sieste l’après midi, soins sur le temps scolaire.
3 AVS à 26h par semaine dans notre école.

Catherine (Versailles) Lire la suite »