Enfants masqués à l’école, un premier bilan ?
En plein re-confinement, le gouvernement a fait le choix de laisser les écoles ouvertes, TANT MIEUX ! Car nos élèves n’ont pas encore fini de payer le prix social et éducatif du premier confinement.
Mais dans les écoles, ce mois de novembre a été particulièrement morose. Pour ne parler que de la situation sanitaire, la crainte de la contamination et la lourdeur du protocole préoccupent grandement nos collègues.
Comme eux, nous déplorons les atermoiements et revirements incessants du ministère, son insupportable communication médiatique teintée d’autosatisfaction.
Comme eux, nous dénonçons le fait que cette « deuxième vague » n’a pas été correctement préparée par le gouvernement, ni dans les hôpitaux ni dans l’Education nationale.
Comme eux, il est évident à nos yeux que ce « protocole renforcé » en vigueur depuis deux semaines n’a été élaboré que pour servir la communication ministérielle. Si les gains de ces mesures sont très incertains en termes de santé publique, les dégâts sur nos conditions de travail et sur le bien-être de nos élèves sont, eux, très palpables.
Une nouvelle fois, les équipes enseignantes sont soumises à rude épreuve, et particulièrement (pour ne pas changer) les directeurs d’écoles primaires.
MALGRE CELA, nous ne nous inscrivons pas dans ces appels à un protocole « toujours plus renforcé ». Nous ne nions évidemment pas la dangerosité de la Covid19 mais la psychose ne doit pas l’emporter sur la raison.
Nos conditions de travail et l’intérêt de nos élèves doivent également peser dans la balance.
Nous avions déjà émis de sérieuses réserves en début d’année sur le port obligatoire du masque pour les enseignants, constatant -et bien des médecins avec nous- des phénomènes de démangeaisons, irritations cutanées, maux de gorge, vertiges et autres extinctions de voix… Il n’y a rien de naturel à porter un masque pendant une journée entière.
Et que dire des conséquences psychologiques, par exemple sur des enfants de maternelle qui n’ont jamais pu voir le visage de leur maîtresse !
Et voilà que depuis début novembre le masque est rendu obligatoire dès l’âge de 6 ans,
y compris dans les espaces extérieurs de l’école. Trois semaines plus tard, les professeurs des écoles (comme les parents d’élèves) sont partagés entre résignation et colère, entre « C’est vraiment déprimant mais on n’a pas le choix » et « Quel spectacle que de voir aujourd’hui mes élèves de CP tenter d’apprendre à lire derrière un masque ! », « Pour les enfants en difficulté, tu parles d’un cadeau ! », « Je vois mes élèves essouffés en récréation »…
Les collègues ne peuvent que constater que beaucoup de nos jeunes élèves ont du mal à utiliser correctement leur masque : tripoté, mis sous le menton, posé n’importe où, régulièrement réajusté, échangé avec un camarade, ramassé par terre…
Dans ces conditions, le remède n’est-il pas pire que le mal ?
« Ils s’adapteront. Les enfants s’habituent à tout » assurent les promoteurs du masque partout et tout le temps ; c’est loin d’être certain ! En plus des risques respiratoires, le « coût psychique » pour les enfants est largement sous-estimé comme s’en inquiètent de nombreux psychologues et spécialistes de l’enfance (notamment dans une tribune parue il y a quelques jours dans le journal Libération : « Ne cédons pas à toutes les peurs, et ne sous-estimons pas le coût de la perte de l’insouciance et de la liberté d’une qualité d’expression orale, notamment à l’âge de six ans. »)
Si ralentir la progression du virus doit se faire à n’importe quel prix, pourquoi ne pas imposer le masque dès le berceau ? Pourquoi ne pas isoler chaque citoyen dans sa cave pendant un mois ? Où est la limite ??
Ce protocole est inapplicable, néfaste pour la santé de nos enfants et préjudiciable pour leurs apprentissages.
NON au port du masque pour les élèves de l’école primaire.
NON à la dégradation sans fin de nos conditions de travail.