L’affaissement du niveau scolaire des élèves et la baisse continue du nombre de candidats aux concours d’enseignement sont les signes les plus visibles et les plus dramatiques de la crise profonde que subit l’éducation nationale. Si certaines des mesures prises par le gouvernement pour l’enrayer vont dans le bon sens (comme le dernier mot rendu aux équipes pédagogiques en matière de redoublement), d’autres vont hélas aggraver les problèmes qu’elles prétendent résoudre.
C’est le cas des groupes de besoin au collège, réforme décidée dans la précipitation et rejetée par la majorité d’entre vous ainsi que par la totalité des syndicats pour de bonnes mais aussi parfois de mauvaises raisons. Action & Démocratie ne voit pas dans ces groupes de besoin une volonté de pratiquer l’on ne sait quel « tri social » mais refuse un dispositif qui va premièrement détruire le cadre de la classe au collège comme cela a été fait au lycée, qui va également détériorer les conditions de travail des collègues de français et mathématiques, et qui va forcément désorganiser le fonctionnement du collège. En outre, compte tenu du manque structurel de personnels enseignants certifiés et des besoins générés par ces groupes, il est certain que les rectorats feront largement appel à des agents contractuels au statut précaire, aggravant ainsi la crise qui frappe de plein fouet le métier de professeur.
Car tel est l’autre chantier, mené avec la même précipitation, que le gouvernement a ouvert pour tenter d’enrayer la crise du recrutement. Là encore, le ministère fait un pas en avant et trois pas en arrière faute de s’attaquer aux vraies causes de cette pénurie, dont Action & Démocratie a fait l’analyse lors de son audition par la mission d’information de l’assemblée nationale consacrée au recrutement et à la formation des enseignants (compte-rendu dans notre prochaine lettre d’info) et sur lesquelles nous apportons ci-dessous un premier éclairage.
Ne nous résignons pas au lent délitement de l’éducation ! Si vous voulez défendre efficacement votre métier, vos droits, vos conditions de travail, faites le choix d’un syndicat qui prend ses responsabilités, qui ne se contente pas d’être contre tout, qui fait des propositions sensées et défend l’école de la République avec pragmatisme. Faites le choix d’un syndicat qui fait bouger les lignes, Action & Démocratie !
Au lieu de séparer les élèves en groupes et les priver du cadre de la classe dans deux disciplines, composons des classes moins hétérogènes et accordons à celles dont les élèves sont les plus en difficultés de meilleures conditions, à commencer par des effectifs réduits. Simple bon sens pédagogique.
L’éclatement de la classe comme cadre collectif des apprentissages produit de nombreux dégâts sur les élèves et dégrade leur suivi par leurs enseignants. A rebours d’une individualisation à outrance, il est urgent de réhabiliter la classe comme lieu par excellence de l’apprentissage.
La baisse continue et inquiétante du nombre de candidats aux concours d’enseignement ne saurait être réduite à des facteurs purement conjoncturels liés à la diminution du nombre de postes ou à la réforme des concours. C’est le métier de professeur en lui-même qui est devenu moins désirable, en raison d’évolutions sociétales que les politiques éducatives n’ont pas su enrayer et ont même parfois aggravées.
Les dispositifs technologiques de simulation de l’intelligence et de l’interaction qui émergent aujourd’hui promettent d’être bientôt suffisants pour tromper l’attention et la conscience de nombre d’êtres humains. Une nouvelle tâche s’ajoute à l’éducation, celle de préserver les jeunes esprits non pas « des écrans », mais des interfaces cognitives et de leurs effets.
