Le renforcement du « contrôle continu » au baccalauréat : un abus de langage !

Le ministre avait assuré en 2018 être animé de la volonté de « remuscler le bac ». Son principal argument à cette fin consistait à mettre en avant la persistance d’épreuves terminales anonymes pour 60% de la note finale, mais aussi à soumettre les modalités du contrôle continu au principe de l’anonymat également : sur 40% de la part dite de « contrôle continu », seuls 10% étaient constitués par les notes figurant sur les bulletins scolaires afin de prendre en compte la régularité du travail des élèves.

A la faveur des circonstances exceptionnelles qui, en 2020 et en 2021, ont conduit à délivrer le baccalauréat en totalité ou en grande partie sur le seul fondement des bulletins scolaires, le ministère fait voler cet équilibre en éclat et décide de supprimer les évaluations communes tout en donnant une nouvelle définition au « contrôle continu ».

La note de contrôle continu est désormais fixée en prenant en compte :

– pour une part de trente pour cent (30%), la moyenne des moyennes constatées en conseil de classe des résultats de l’élève au cours du cycle terminal dans les matières suivantes : histoire-géographie, enseignement scientifique (dans la voie générale), mathématiques (dans la voie technologique), langue vivante A, langue vivante B, ainsi que la note du contrôle en cours de formation en éducation physique et sportive, chacun de ces enseignements comptant à poids égal, soit 3% pour les résultats de l’année de première, et 3% pour les résultats de l’année de terminale pour chacun de ces enseignements ;

pour une part de huit pour cent (8%), l’évaluation chiffrée annuelle des résultats de l’élève dans l’enseignement de spécialité suivi uniquement en classe de première ;

– pour une part de deux pour cent (2%), l’évaluation chiffrée annuelle des résultats de l’élève dans l’enseignement moral et civique à hauteur de 1% pour les résultats de l’année de première et de 1% pour les résultats de l’année de terminale.

Nos positions :

1/ Nous refusons le « contrôle continu » qui dénature profondément la signification des notes mises pendant l’année. Le travail donné par les professeurs ne servira plus à faire progresser l’élève, mais à l’évaluer. Ceux qui critiquent le poids de la notation et applaudissent le contrôle continu ne se rendent pas compte qu’ils chérissent les causes dont ils déplorent les effets. Jamais l’évaluation n’aura plus d’importance et ne focalisera plus l’attention de tous qu’avec le contrôle continu.

2/ Il est incroyable d’accorder 8% à un enseignement de spécialité abandonné à l’issue de la classe de première, le même coefficient que celui de l’épreuve terminale de philosophie.

3/ Il est de même stupéfiant d’accorder un poids de 2% à un enseignement (l’EMC) dont il est de notoriété que les modalités d’évaluation sont si peu sérieuses : autant attribuer d’emblée les points demandés aux élèves.

4/ Outre la pression insupportable qui va peser sur les enseignants concernés, cette nouvelle modification des règles du jeu en cours de partie installe au cœur d’une institution qui a besoin de stabilité et de sérénité une insécurité juridique contraire aux principes de l’État de droit.

5/ Pour ces raisons, et tant d’autres, Action & Démocratie vote contre ce texte, refuse de l’amender et s’engage à le contester dès publication au JORF pour abus de pouvoir devant la juridiction compétente.