Au menu de cette lettre d’information d’Action & Démocratie
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L’école du futur
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« Renforcement » des mathématiques au lycée
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Bac : la remontada mécanique des notes
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AED : CDI dès le 1er septembre
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Sport scolaire : vers une délégation de service public ?
1/ L’école du futur n’est pas l’avenir de l’école
Déclaration au Conseil supérieur de l’éducation le 9 juin 2022
A quelques semaines de vacances d’été bien méritées, nombre de professeurs des écoles savent que la prochaine rentrée sera explosive. Deux réformes devraient en effet entrer en vigueur pour l’enseignement du 1er degré : les évaluations d’écoles et la généralisation de l’école dite « du futur » (sic) dans laquelle une part des financements dépendrait d’un projet d’établissement élaboré par des enseignants recrutés par un directeur devenu leur supérieur hiérarchique. Deux réformes complémentaires relevant d’une même logique que l’on pourrait qualifier d’entrepreneuriale ou néo-managériale et dont une écrasante majorité des professeurs des écoles sont absolument persuadés qu’elles ne peuvent en aucune façon favoriser l’instruction des élèves ni le climat scolaire.
2 / « Renforcer » les mathématiques au lycée : copie à revoir
Compte rendu du Conseil supérieur de l’éducation du 20 juin
Deux projets d’arrêtés concernant les mathématiques au lycée étaient présentés par l’administration au Conseil supérieur de l’éducation (CSE) pour recueillir son avis le 20 juin 2022. Malgré un avis défavorable du CSE, ces deux arrêtés seront signés et publiés au Journal officiel dans les premiers jours de juillet, pour entrer en vigueur dès le mois de septembre. A l’initiative d’Action & Démocratie le CSE a adopté deux vœux, le premier tendant à demander le retrait de ces textes de l’ordre du jour, le second à réclamer une véritable réflexion et surtout une consultation digne de ce nom au sujet de la place des mathématiques au lycée.
Voir le résultat détaillé des votes des différentes organisations sur les deux projets d’arrêté ainsi que sur les vœux présentés par A&D/CFE-CGC :
3 / Bac mention chocolat : la remontada mécanique des notes
Ce n’est plus un secret : le baccalauréat et le brevet des collèges sont des diplômes en chocolat. Les rater demande un effort particulier de mauvaise volonté ou de fumisterie. Pourtant, jamais le niveau de nos élèves n’a été plus sinistré et jamais les injonctions à remonter les notes « pour s’approcher de la moyenne académique » n’ont été aussi nombreuses et impérieuses. La session 2022 aura été particulièrement scandaleuse de ce point de vue, puisque la correction dématérialisée des épreuves de spécialité via la plateforme « Santorin » a permis la remontée mécanique des notes de la plupart des lots. Le scandale est si gros et les correcteurs si nombreux à se plaindre de ces interventions magiques sur leur travail que les associations de spécialistes telles que l’APHG (Association des Professeurs d’Histoire Géographie) s’en sont publiquement indignées et que la presse s’en est fait souventes fois l’écho.
Une collègue de SVT présente un cas fort emblématique de cette situation : « Mes candidats ont été remontés de 3 points sur 15 !!! Le désaveu est sans limite… » Pour une copie aux « connaissances erronées » présentant une « démarche incohérente » et une « incompréhension des documents » qu’elle évalue 4/15, cette collègue voit sa note remontée à 7/15, soit quasiment la moyenne, alors même que le candidat est très loin du niveau de compréhension et d’analyse attendu en terminale, spécialité SVT. Cette mascarade est d’une indécence rare…
4 / AED : possibilité de CDI dès le 1er septembre
Le décret permettant le recrutement en CDI des assistants d’éducation (AED) devrait entrer en vigueur dès le 1er septembre 2022
La loi n° 2022-299 du 2 mars 2022 visant à combattre le harcèlement scolaire a prévu, en son article 10 modifiant l’article L916-1 du code de l’éducation que l’Etat puisse « conclure un contrat à durée indéterminée avec une personne ayant exercé pendant six ans en qualité d’assistant d’éducation, en vue de poursuivre ses missions », cet article renvoyant à un décret ultérieur le soin de préciser les conditions d’application.
Nous apprenons que ce décret (encore à l’état de projet) sera examiné le 6 juillet par le CTMEN. Il modifie le décret du 6 juin 2003 fixant les conditions de recrutement et d’emploi des AED en précisant que, si les AED « sont recrutés par des contrats d’une durée maximale de 3 ans, renouvelables dans la limite d’une période d’engagement totale de 3 ans », « lorsqu’un nouveau contrat est conclu avec une personne ayant exercé pendant 6 ans en qualité d’AED, ce contrat est à durée indéterminée ».
Par ailleurs, les AED « bénéficient au moins tous les trois ans d’un entretien professionnel conduit par le chef d’établissement dans lequel il exerce entièrement ou majoritairement ses fonctions » (ou le directeur d’école le cas échéant), « ou par le CPE par délégation ». La rémunération des AED bénéficiant d’un CDI « fait l’objet d’un réexamen au moins tous les trois ans ».
Le décret devrait entrer en vigueur le 1er septembre. Pourront alors bénéficier d’un CDI les AED ayant exercé ces fonctions pendant 6 ans, « quelle que soit la date à laquelle celles-ci ont été exercées ».
Un projet d’arrêté modifiant l’arrêté du 6 juin 2003 fixant le montant de la rémunération des AED sera également examiné.
Spécificités pour la fin d’année 2022
Le projet de décret précise également qu’entre « le 1er septembre et le 31 décembre 2022 » le recteur d’académie ayant qualité pour conclure le CDI « peut confier, par voie de convention, à un établissement public local d’enseignement la liquidation, le paiement et la gestion de la rémunération des assistants d’éducation ayant signé un contrat à durée indéterminée. Cette convention précise les modalités de financement de ces dépenses ».
Pour toute question, contactez votre correspondant Action & Démocratie ou adressez-vous au secrétariat national qui fera suivre.
5 / Sport scolaire : vers la délégation de service public ?
La circulaire de rentrée, l’activité ministérielle envers l’EPS et le rapport de la Cour des comptes de 2019 sur l’EPS et le sport scolaire convergent et laissent entrevoir la menace d’une délégation de service public pour le sport scolaire en direction des clubs civils.
Nous engageons les collègues à la plus extrême vigilance sur ces questions et à nous signaler l’ensemble des glissements qui pourraient s’opérer dès l’année prochaine de l’EPS et l’AS des établissements vers les clubs sportifs communaux sous couvert de l’autonomie des établissements. Cela serait de très mauvais augure, en particulier pour les forfaits AS des ORS des professeurs d’EPS.