NON à la suppression de la technologie en classe de sixième !

De nouvelles mesures pour les classes de sixième, dans le cadre de la transformation du collège, ont été décidées et mises en œuvre pour la rentrée 2023 : généralisation du dispositif « Devoirs faits », instauration d’une heure hebdomadaire obligatoire de consolidation ou d’approfondissement en mathématiques ou en français afin de remédier aux difficultés des élèves entrant au collège. Cette nouvelle heure est ajoutée à la grille horaire des enseignements obligatoires alors qu’elle n’est pas une heure d’enseignement. Cette grille étant limitée à 26 heures, l’heure de soutien conduit à la suppression d’une heure d’enseignement disciplinaire, ce qui est un comble ! Pour conserver une grille horaire de 26 heures, l’enseignement des sciences et technologie en classe de sixième est ramené à 3 heures au lieu de 4, en réduisant d’une heure l’enseignement de la technologie c’est-à-dire en le supprimant purement et simplement en classe de sixième ! Conscient d’une telle forfaiture, le ministre prétend « renforcer » la place de la technologie au cycle 4 mais cela ne passera que par une modification de programme pendant que l’heure d’enseignement supprimée en sixième ne sera pas restituée.

Action & Démocratie condamne vivement des choix qui ne reposent ni sur la logique et le bon sens, ni sur la concertation préalable et la recherche d’un consensus. Nous sommes également indignés que des consignes aient été données aux chefs d’établissement dès janvier pour anticiper cette suppression, avant même que l’arrêté le permettant ait été pris, plaçant tous les personnels concernés dans une situation d’insécurité juridique inacceptable.

Pourquoi supprimer la technologie ?

Le ministère aurait pu faire le choix de ne pas ajouter cette heure au volume horaire obligatoire. Il aurait pu choisir d’augmenter le volume celui-ci. Il aurait pu aussi choisir de conserver l’enseignement des Sciences et technologie en partageant les 3 heures restantes entre chaque discipline : Sciences Physiques, Sciences et Vie de la Terre et Technologie. Ces dernières années, de nombreuses académies doivent faire face à une pénurie d’enseignants en technologie : supprimer un enseignement parce qu’on ne parvient pas à affecter du personnel qualifié sur des postes vacants est-il le motif inavouable de cette mesure et va-t-il devenir la règle pour d’autres disciplines ? C’est hélas très plausible…

Malgré les promesses du ministère qui « assure qu’il n’y aura pas de suppression de postes d’enseignants pour la rentrée 2023 » et les affirmations stupéfiantes d’après lesquelles les « éventuels sous-services » générés sont une opportunité pour assurer des remplacements dans le cadre de la formation aux futurs programmes de cycle 4 (!), il faut s’attendre à ce que les enseignants titulaires se retrouvent de plus en plus nombreux en complément de service dans un autre établissement et que les contractuels en CDD soient privés de leur emploi. Ils peuvent compter sur le soutien et l’accompagnement d’A&D.

Qui veut en finir avec l’enseignement de technologie ?

Au fil des années, nous assistons à une diminution de l’horaire de l’enseignement de la technologie :  de 2 heures à tous les niveaux (6ème, 5ème, 4ème, 3ème) à 1 h 30, ainsi que la disparition des groupes, la suppression de l’heure de labo et aujourd’hui la suppression pure et simple de cet enseignement en sixième ! Cette évolution est une ineptie face aux défis de notre siècle tels que la lutte contre le réchauffement climatique, la transition énergétique, ou encore la réindustrialisation de notre pays. L’enseignement de la technologie à tous les niveaux au collège et au primaire permet de susciter la curiosité, l’éveil, la vocation de nos élèves pour les filières technologiques. Notre pays a besoin d’ingénieurs et de techniciens. C’est en sixième que nos élèves montrent un intérêt particulier pour cette discipline, submergent leur professeur de questions face aux objets techniques ou systèmes qui sont trop souvent des mystères pour eux. Et que l’on cesse de se réfugier derrière « les fondamentaux » pour justifier de telles coupes sombres dans l’offre éducative : par le biais de projets interdisciplinaires aussi bien que par lui-même, l’enseignement de la technologie contribue à l’acquisition des fondamentaux et nos élèves peuvent acquérir ici comme ailleurs l’esprit critique, développer leur créativité, voire trouver un intérêt renouvelé à l’étude, ce qui participe à la lutte contre le décrochage scolaire.

Action & Démocratie récuse complètement la logique des cycles qui sous-tend la suppression de l’enseignement de technologie en sixième et partage entièrement le point de vue de l’Académie des sciences sur le fait que les fondamentaux doivent être assurés dès l’école primaire, la sixième n’étant pas une nouvelle année de CM2. Il ne peut en outre qu’être très préjudiciable aux élèves d’interrompre en sixième une initiation commencée au primaire. Nous demandons donc le maintien de l’enseignement technologique sans interruption au primaire, au collège et au lycée, dans le cadre d’une authentique ambition consistant à former des citoyens capables de maîtriser des connaissances scientifiques, techniques et technologiques pour agir plus librement et être prêt à relever les défis de notre société, ce qui est parfaitement conforme aux exigences de notre temps. Nous réclamons un plan de recrutement de professeurs titulaires pour cet enseignement à la hauteur des besoins.

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