Lettre d’information n°68 – 18 avril 2023

Supprimer des heures de cours pour élever le niveau : la “transformation du collège”, ça commence mal !

Le 21 janvier dernier, le Directeur général de l’enseignement scolaire a demandé aux recteurs et directeurs académiques des services de l’éducation nationale de mettre en œuvre des mesures nouvelles pour la classe de 6ème dès la rentrée 2023 « dans le cadre de la transformation du collège »

Cette transformation du collège a-t-elle fait l’objet d’une présentation et d’une explication détaillées ? La réponse est non. Y a-t-il eu un débat avec les parties concernées ? La réponse est encore non. Y a-t-il à ce jour un consensus sur les difficultés à résoudre et les mesures proposées par le ministre ? Pas davantage. Cette « transformation » du collège a donc été décidée de manière unilatérale et se met en place en catimini, par petites touches, mais toujours avec brutalité.

Action & Démocratie/CFE-CGC dénonce avec constance un tel mode d’administration de l’éducation nationale. Année après année, on maintient le système éducatif sous tension par des transformations mal inspirées décidées sur un coin de table et on impose aux personnels des mesures qui, dans les faits, ne produisent aucun des effets escomptés et aggravent souvent les maux auxquels on prétendait remédier. Au Conseil supérieur de l’éducation et par un courrier officiel dont nous publierons la réponse, nous interpellons le ministre sur ce procédé inacceptable mais aussi sur les conséquences très graves de ses décisions précipitées (voir ci-dessous).

Tout d’abord s’agissant du procédé lui-même consistant à faire appliquer des textes qui n’existent pas encore, ce qui est stupéfiant dans un État de droit ! En effet, les mesures en question (mise en place d’une heure hebdomadaire de « consolidation ou d’approfondissement » en classe de 6ème en retirant aux élèves une heure de technologie ainsi que généralisation du dispositif « Devoirs faits ») n’avaient aucun fondement réglementaire au moment même où, le 21 janvier 2023, le ministère demandait à l’encadrement que ces « évolutions » soient mises en œuvre dans le cadre des travaux préparatoires à la rentrée 2023 ! Certes, les « travaux réglementaires » ont suivi et les textes ont finalement été présentés au Conseil supérieur de l’éducation le 24 avril où, une fois encore, ils ont reçu un avis défavorable dont le ministère avait d’une certaine façon annoncé à l’avance qu’il ne tiendrait aucun compte (voir notre déclaration et le compte rendu ci-après) !

Quant aux effets de ces mesures sur les services des professeurs de technologie, le ministère n’en a cure. Or il n’est pas permis de faire subir une telle insécurité juridique aux personnels en leur annonçant que leur spécialité sera renforcée (c’est-à-dire ne sera pas davantage massacrée) à partir de la rentrée 2024 au cycle 4 après les avoir mis en janvier face à des perspectives de complément de service, de remplacements, de régime sec en matière d’heures supplémentaires quand ce n’est pas de simple suppression d’emploi pour les contractuels. C’est pourquoi Action & Démocratie prendra une fois de plus ses responsabilités en saisissant le Conseil d’État pour faire suspendre l’arrêté qui supprime une heure de technologie en 6ème, et nous invitons naturellement tous ceux qui veulent s’y joindre à le faire avec nous.

Quant à l’intervention des professeurs des écoles au collège, étant donné qu’elle ne repose sur aucune base réglementaire comme nous l’avons écrit au ministre, nous incitons les intéressés à se montrer prudents, pour ne pas dire méfiants, vis-à-vis des sollicitations des IEN et nous étudions également en l’espèce les possibilités d’action juridique contre une mesure dépourvue de bon sens autant que de fondement réglementaire. 

 

Sur le fond, une énième transformation du collège se met en œuvre, par étape et à bas bruit, sans doute pour éviter les débats et polémiques qui ont accompagné la précédente ou le saccage du lycée. Mais là où il n’y a pas de débat, il n’y a pas de démocratie. Action & Démocratie réclame un débat sérieux sur tous les sujets, le collège y compris. La « primarisation » de la sixième n’est pas du tout une solution aux difficultés rencontrées au collège, lesquelles sont avant tout le résultat de politiques éducatives insensées et démagogiques qui détériorent les conditions de l’enseignement partout, et ce dès l’école primaire et maternelle. Aucun dispositif de « remédiation » ne peut remplacer les heures de cours supprimées ni ne peut compenser les difficultés de plus en plus lourdes liées à des classes surchargées, une politique d’inclusion qui fait fi de la réalité et cause des préjudices à tous, des programmes vidés de toute consistance, une perte de sens dans l’exercice du métier ressentie par tous les personnels à tous les niveaux qui s’ajoute à la dévalorisation matérielle et symbolique de leur métier. Pour Action & Démocratie, l’urgence est bien de reconstruire l’école en préservant d’abord et renforçant ce qui tient encore debout au lieu de s’employer avec rage ou ruse à l’abattre comme on le fait encore. Les ministres passent, les manières changent, mais l’orientation générale demeure et l’éducation n’est plus une priorité car non, décidément, on ne nous fera pas croire qu’on veut élever le niveau d’instruction en supprimant encore des heures de cours au profit d’heures de rien !

Nos interventions

Conseil supérieur de l’éducation – 24 mars 2023

Dans sa déclaration préalable, A&D dénonce l’application de mesures non publiées et renouvelle l’exigence de bon sens que soit inscrite dans le code de l’éducation la règle d’un délai de deux ans entre la publication et la mise en œuvre de tout texte portant modification de l’organisation et du contenu des enseignements.

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Maintenir un enseignement de technologie en sixième

Position d’A&D, dossier documentaire, lettre au ministre. Non seulement il est insensé de supprimer des heures de cours en affirmant vouloir relever le niveau mais il est inepte d’affaiblir à notre époque un enseignement aussi indispensable que celui de technologie.

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