Lettre d’information n° 22 – 27 mai 2021

Au menu de cette lettre d’information d’Action & Démocratie

 

  • Edito : éducation en état de péril imminent
  • Déclaration au Conseil supérieur de l’éducation
  • Pour la suppression des épreuves terminales en 2021
  • Bac pro : chef d’œuvre en péril
  • L’oral du DNB : du pipeau !
  • Copies numérisées, c’est non ! AD écrit au ministre
  • Circulaire du 26 mai relative au télétravail
  • Pourquoi rejoindre Action & Démocratie (vidéo) ?

 

1/ Éducation nationale en état de péril imminent !

Qu’il s’agisse du baccalauréat général, technologique ou professionnel, la session 2021 de cet examen subie des perturbations qui proviennent du ministère de l’Éducation nationale lui-même, ce qui est un comble !

L’épidémie de Covid19 a bon dos mais la réalité, c’est que, contrairement à la session 2020, on pouvait et surtout l’on devait anticiper, dès le mois d’octobre 2020, les aménagements qui permettraient de conserver aux examens de fin d’année leur valeur et de garantir aux élèves et à leurs professeurs la sérénité indispensable à leur travail.

Obnubilé par la volonté de maintenir l’école ouverte (ce qui était une bonne chose) et pouvoir s’en vanter sur les plateaux (ce qui ne l’était pas), le ministre a retardé les décisions qu’il fallait prendre, se murant dans un déni qui a conduit son administration à concevoir dans l’improvisation des dispositions tardives, en contradiction avec le droit aussi bien que la nature même des choses.

Le ministère a ainsi attendu le dernier moment pour annuler les évaluations communes ; il a aussi attendu le dernier moment pour prendre la décision très contestable à ce moment-là de supprimer les épreuves terminales de spécialité qu’il pouvait fort bien reporter à juin puisque, dans le même temps, il choisissait de maintenir les autres épreuves terminales ; concernant la voie professionnelle, il invente le bac à la carte et neutralise des évaluations de façon arbitraire ; il s’accroche enfin à des fétiches vidés de toute substance que sont le Chef d’œuvre en voie professionnelle et le Grand oral en voie générale dans le seul but de faire croire que sa réforme est appliquée selon le calendrier prévu alors que chacun sait, sur le terrain, qu’il n’en a rien été ; et pour couronner le tout, il invente la « vraie-fausse épreuve de philosophie » dont la note sera annulée si elle est inférieure à la moyenne annuelle, ce qui a pour effet, depuis cette annonce, de pousser les élèves et leur famille à exercer des pressions insupportables sur les collègues pour qu’ils délivrent de « bonnes notes » au troisième trimestre !

Comment une telle gabegie est-elle possible et comment peut-elle se dérouler sans que la profession tout entière se rassemble et refuse de collaborer à une telle mascarade ? La réponse est simple, hélas : la profession elle-même est à bout, écrasée par une avalanche de réformes qui ont pour effet, sinon pour objet, de rendre l’exercice du métier impossible afin de pouvoir plus facilement le « transformer », si bien que beaucoup finalement se résignent, quelques-uns protestent en exprimant sur les réseaux leur exaspération ou leur désespoir sans que cela ne débouche sur rien, et certains cherche à s’adapter à cette gabegie sans avoir conscience de ce à quoi ils collaborent ce faisant, et qui n’est rien d’autre que l’obsolescence programmée de leur métier.

Action & Démocratie fait le choix de résister et d’utiliser tous les moyens pour sauver nos métiers, car nous savons que ceux-ci forment une part importante de notre identité personnelle : s’attaquer au métier que l’on aime, que l’on a choisi et auquel on a souvent beaucoup sacrifié, c’est s’attaquer à la personne elle-même, à ce qui lui permet non seulement de subsister mais de vivre et s’épanouir.

L’heure est grave pour l’éducation nationale, et chacun doit se demander ce qu’il peut faire pour inverser le cours des choses et prévenir un péril imminent. Action & Démocratie prend ses responsabilités. La première consiste à porter haut et fort la voix du terrain dans les instances, et nous vous invitons à imprimer et afficher la déclaration au Conseil supérieur de l’éducation ci-dessous, qui a été abondamment commentée sur les réseaux sociaux. Nous prenons nos responsabilités et allons également porter devant le Conseil d’État les décrets « contre-nature » dont les dispositions reviennent à mettre un coup de poignard dans le dos des hussards noirs qui sont en première ligne : c’est notamment le cas des dispositions qui suscitent des marchandages à interminables sur les notes et qui peuvent parfois déboucher sur des menaces et des violences envers les personnels, nous en avons hélas de nombreuses preuves ! Mais nous irons plus loin et n’hésiterons pas à rendre publiques les pressions scandaleuses que la hiérarchie censée nous protéger exerce pour nous faire renoncer à toute exigence aussi bien qu’à toute équité : nous y reviendrons dans une prochaine lettre d’information avec des documents explosifs. A suivre…

2 / Déclaration faite au Conseil supérieur de l’éducation le 27 mai 2021

A imprimer et afficher

Extrait :

« A force de promettre la réussite à tous du matin au soir par démagogie, et de faire de la bienveillance un impératif catégorique, en qualifiant ainsi, soit dit en passant, ce qui n’est souvent qu’une forme de laxisme, le ministère, et les organisations qui l’encouragent dans cette voie, ont fini par rendre réellement impossible l’exercice du métier d’éducateur : sur le terrain en effet, il n’est désormais plus possible à tel enseignant de mettre aux travaux indigents les notes qu’ils méritent sans qu’on lui reproche de faire obstacle à la réussite des élèves ; il n’est plus possible à tel autre d’aborder certains sujets sans qu’il se fasse accuser de froisser la sensibilité des uns ou des autres ; il n’est plus possible à tel autre de sanctionner les comportements inappropriés sans passer pour un piètre agent dépourvu d’autorité ou incapable de se faire respecter ; tel chef d’établissement n’ose plus prendre la défense d’un personnel mis en cause pour un oui ou pour un non de peur de provoquer l’ire des familles ; tel inspecteur général se permet de désavouer un professeur en préconisant à un recteur la remontée mécanique des notes dans Parcoursup pour acheter la paix sociale dans l’établissement concerné ; aucun professeur ne peut plus donner de devoir à la maison tant le plagiat s’est répandu ; les moyennes trimestrielles sont de plus en plus élevées alors que chacun constate l’effondrement du niveau et ne manque jamais de s’en plaindre ; les programmes et instructions, de plus en plus déconnectés des réalités, sont encombrés d’un jargon pseudo-scientifique qui fait injure à l’intelligence, au point qu’on leur préfère des manuels qui pour la plupart ne valent guère mieux ; presque tous se résignent à faire de la figuration dans une école devenue un vaste village Potemkine où ceux qui ont encore quelques idéaux et exigences sont montrés du doigt comme des déviants, des psychorigides nostalgiques d’un temps révolu, quand on ne déclenche pas contre eux des procédures disciplinaires aux effets dévastateurs en se servant des prétextes les plus futiles. Car tel est bien l’envers du décor : derrière l’extrême bienveillance à l’égard des élèves, qui est devenue la règle, se cache une froide maltraitance envers les personnels, laquelle est systématique en dépit des annonces qui ont été faites et des engagements qui ont été pris, Monsieur le ministre, mais qui restent le plus souvent lettre morte tant les habitudes acquises sont ancrées. »

Lire et imprimer l’intégralité de la déclaration :

3/ Le Conseil supérieur de l’éducation demande la suppression de toutes les épreuves terminales restantes de la session 2021 du bac

Vœu adopté par le CSE le 27 mai. En savoir plus :

4/ CAP et BAC PRO : des chefs d’œuvres en péril !

On en parle moins, et cependant la session 2021 des CAP et Bac Pro contient son lot d’aberrations. En savoir plus :

5/ L’oral du DNB : du pipeau !

« Ce « nouvel » oral, chef-d’œuvre de la réforme du collège 2016, est un exercice de brassage de vent inénarrable : il est rare qu’une épreuve se fonde sur autant de vide, voire de néant. Pour le dire simplement en restant fidèles à l’esprit des textes officiels, l’élève présente ce qu’il veut en cinq minutes – dans la mesure où il s’inscrit dans l’une des larges thématiques qui servent prétendument de cadre à la chose – et récolte une note sur 100 généreusement attribuée grâce à un barème magique (50 points sanctionnant la maîtrise de l’oral et 50 points le contenu de la présentation) grâce auquel le DNB est à la portée des élèves les plus illettrés. Nous renvoyons chacun à la définition précise de l’épreuve : … ».

Lire l’intégralité de l’article :

6/ Correction de copies numérisées, c’est non !

Action & Démocratie conteste la généralisation précipitée de l’expérimentation Santorin et les conclusions du « comité des utilisateurs » qui ne comporte aucun enseignant ! La numérisation présente certains avantages, surtout pour l’administration, mais constitue une entrave à la correction des copies dans certaines disciplines, et est préjudiciable à la santé des agents. Action & Démocratie a obtenu confirmation de la DAJ lors du CSE du 27 mai qu’une contre-indication médicale permettrait d’avoir accès aux copies sur papier.

Action & Démocratie écrit au ministre et aux recteurs :

7/ Assouplissement du télétravail : circulaire du 26 mai

Par une circulaire du 26 mai 2021, la ministre de la Fonction Publique précise les étapes d’assouplissement du télétravail dans la fonction publique d’État.

Pour résumer :

– A partir du 26 mai, possibilité de revenir 1 jour par semaine sur son lieu de travail.

– A compter du 9 juin, si cela est possible au regard de l’évolution de la situation sanitaire, le

télétravail passera de 5 à 3 jours par semaine. Les réunions pourront se faire en présentiel à raison d’une personne pour 4 m², avec maintien des gestes barrières.

– A compter du 1er juillet, le télétravail passera de 3 à 2 jours par semaine.

– A compter du 1er septembre, si le nombre de contaminations continue de régresser, le retour en présentiel durant toute la semaine sera possible. Mais les agents qui le souhaitent pourront demander à rester en télétravail si l’accord-cadre qui est en cours de discussion est signé par les organisations syndicales.

Point important :

Ce calendrier ne s’applique pas aux agents ayant des vulnérabilités telles que définies par la circulaire de la DGAFP du 10 novembre 2020 : ils ne peuvent reprendre en présentiel.

Circulaire du 26 mai

8/ Rejoindre Action & Démocratie : témoignage (vidéo)

Pourquoi rejoindre A&D : ce sont les adhérents qui en parlent le mieux, voyez :