AD/CFE-CGC, pour reconstruire l'école et défendre tous ceux qui la font vivre

Violence scolaire : des constats alarmants qui exigent des réponses à la hauteur

AD / ACTUS /17 juin 2025

Les chiffres du rapport annuel de performances 2024 le confirment : la violence dans les établissements scolaires progresse, en particulier au collège et dans les lycées professionnels.
Les actes graves de violence augmentent dans tous les niveaux d’enseignement, avec un taux particulièrement élevé dans les lycées professionnels (22,6 pour 1 000 élèves).
Action & Démocratie appelle à prendre des mesures concrètes, durables et adaptées pour garantir enfin la sécurité des élèves et des personnels.

Le rapport annuel de performances (RAP) 2024 sur le budget « Enseignement scolaire » (Programme  230  « Vie  de  l’élève »)  dresse  un  constat  préoccupant  :  la  situation  des établissements scolaires face aux faits de violence graves continue de se détériorer. Cette réalité constatée par chacun sur le terrain et confirmée par les données officielles, interpelle profondément Action & Démocratie / CFE-CGC : il faut en finir avec les mesures superficielles et inefficaces prises en réaction à l’émotion suscitée par des faits médiatisés et oubliés aussitôt ; il est plus que temps d’aborder le sujet de la sécurité au sein et aux abords des établissements avec sérieux et pragmatisme !

Des chiffres en hausse dans tous les niveaux d’enseignement

Selon ce rapport qui reproduit les données de l’enquête SIVIS1, la proportion d’actes de violence graves2 est en augmentation dans tous les segments du système scolaire :

  • Dans les écoles, on dénombre déjà 5,6 actes graves pour 1 000 élèves (+1 point par rapport à 2023 et + 3,6 points par rapport à la cible…) ;
  • Dans les collèges, le taux atteint 18,6 pour 1 000 élèves (+2,8 points) ;
  • Dans les lycées généraux et technologiques, 6,1 pour 1 000 (+1 point) ;
  • Dans les lycées professionnels, ce chiffre culmine à 22,6 pour 1 000 (+2,4 points) !

A noter que dans le projet annuel de performance (PAP) 2023, les cibles (autrement dit les objectifs du programme budgétaire en question) étaient sensiblement inférieures pour 2025 et 2026 :

Le Gouvernement a donc acté l’augmentation des faits de violence graves en renonçant à maintenir les objectifs de 2023 à moyens budgétaires constants : quel aveu d’échec !

Ces violences sont majoritairement des atteintes aux personnes, représentant 89 % des signalements  dans  le  primaire  et  76,5 %  dans  le  secondaire.  Parmi  elles,  les  violences verbales (43 %) et physiques (40 % dans le primaire, 24 % dans le secondaire) sont largement représentées.  À  cela s’ajoute  une  part  croissante  d’atteintes  à  la  sécurité,  incluant  des « atteintes à la laïcité » en nette progression également.

Des réponses institutionnelles insuffisantes

Face à cette recrudescence des faits de violence, les mesures mises en avant dans le rapport
— lutte contre le harcèlement, développement des compétences psychosociales (CPS), éducation à la citoyenneté (EMC) — participent davantage d’un arsenal incantatoire où la récitation de formules positives et de vœux pieux serait censée pallier le manque de stratégie concrète, ciblée et efficace de sécurisation.”

La gravité de certains faits récents, comme l’attaque au couteau survenue à Nantes en avril 2025 et l’assassinat de Mélanie à Nogent en juin 2025, révèle de son côté une réalité que les indicateurs nationaux confirment : le climat scolaire se dégrade, malgré les multiples “plans chocs” annoncés après chaque événement médiatisé. Ces réactions ponctuelles ne peuvent suffire à enrayer une dynamique de violence installée dans la durée.

Une urgence éducative et sociale

Si le rapport annuel de performance 2024 tente d’occulter cet échec en mettant en avant une légère amélioration de la santé scolaire, notamment grâce à une progression du taux de dépistages médicaux (sujet sur lequel nous reviendrons), la  sécurité  au  sein  et  aux  abords  des  établissements  est devenue une urgence et reste  la  condition  préalable à l’instruction qui n’est possible que dans un contexte de sérénité et de tranquillité de moins en moins garanti et dans certains endroits complètement inexistant, ce dont témoigne l’exercice de plus en plus frequent du droit de retrait par les collègues (cf. notre revue de presse entre autre).

La  montée  des  violences  ne  peut  être  traitée  uniquement  par  des  gesticulations médiatiques  ou  des programmes généraux ni, a fortiori, par la multiplication des « éducations à… » qui transforment peu à peu l’école en tout autre chose que le lieu d’instruction et de formation de l’esprit qu’elle est par nature. Elle réclame à la fois le courage de regarder la réalité en face et le pragmatisme permettant de prendre des mesures réellement efficacies. Action & Démocratie / CFE-CGC demande urgemment des moyens à la hauteur et des actes concrets pour, en priorité :

  • restaurer les repères et notamment l’autorité pédagogique et éducative des personnels, souvent mis en difficulté ;
  • confier la sécurité dans et aux abords des établissements à un personnel qualifié plutôt que de faire peser cette charge sur les épaules du personnel d’éducation dont ce n’est pas le métier ou multiplier des dispositifs  technologiques  (portiques,  caméras,  badges) donnant une illusion de sécurité ;
  • durcir les sanctions pour les rendre effectivement dissuasives et empêcher des passages à l’acte qui sont souvent facilités par l’absence de repères et le laxisme ;
  • renforcer la présence   d’éducateurs  formés   afin de leur donner effectivement la capacité   d’agir préventivement (CPE, infirmiers, psychologues scolaires, éducateurs spécialisés) ;
  • impliquer davantage tous les parents (et non quelques-uns seulement, qui sont toujours les mêmes) dans l’acte éducatif, notamment en créant un congé parental d’éducation (une journée par an opposable à l’employeur) conditionné à la participation aux réunions  d’information organisées par les établissements, et revoir le contenu de ces dernières afin de traiter les violences à la racine (sensibilisation aux effets des écrans et des reseaux sociaux notamment).

Conclusion : sortir de la communication pour entrer dans l’action

Les indicateurs présentés ne sont pas des signaux faibles. Ils doivent être pris au sérieux et donner   lieu   à   des    politiques  publiques  ambitieuses,   construites avec l’appui et l’expérience des acteurs de terrain. Il ne s’agit plus seulement de “rétablir l’ordre”, mais de refonder les conditions de la paix et du respect au sein des établissements scolaires.

Face à une dégradation continue des conditions enc e domaine, Action & Démocratie / CFE-CGC exige un changement de cap : la sécurité, la santé et la sérénité des élèves comme des personnels ne sont pas des thèmes de campagnes de communication successives, ce sont des sujets sérieux, graves, nécessitant la mise en œuvre d’une stratégie globale, cohérente, volontaire et dotée de moyens à la hauteur des enjeux.

 

1 « L’enquête SIVIS (système d’information et de vigilance sur la sécurité scolaire) est réalisée auprès d’inspecteurs de l’éducation nationale de 200 circonscriptions et chefs d’établissements d’un échantillon de 1 330 établissements publics et privés. Cet échantillon est représentatif du premier degré public et du second degré public et privé sous contrat. »

2 « Un incident grave correspond à toute atteinte, de quelque nature qu’elle soit (atteintes aux personnes, aux biens ou à la sécurité), impliquant un élève, un personnel enseignant ou non enseignant, une famille d’élève ou une personne extérieure à l’établissement. Tous les incidents graves ne sont pas remontés dans Sivis : s’agissant des élèves, seuls sont recensés ceux donnant lieu à un conseil de discipline, une commission éducative ou présentant un caractère de gravité jugé suffisant » (Note d’Information, n° 25.28. DEPP, mai 2025).

Selon le ministère de l’éducation nationale, entre le 26 mars et le 23 mai, 6000 contrôles ont entraîné la saisie de 186 couteaux, et 587 conseils de discipline ont eu lieu au total pour détention de couteaux…
Voici une recension non exhaustive d’agressions récentes contre des enseignants commises pendant la seule année scolaire 2024-2025 par des parents d’élève ou des élèves parfois dès l’âge de 9 ans…
Et ce ne sont là que la vingtaine de faits de violence grave dont on parle dans la presse, c’est-à-dire une goutte d’eau en comparaison de la réalité (les données officielles font état au cours de l’année scolaire 2023-2024 de 16 incidents graves pour 1000 élèves signalés dans les collèges et lycées et 5 incidents graves pour 1000 élèves dans les écoles).

Actus

Vagues de chaleur et conditions de travail

Travailler en surchauffe ? C’est fini, du moins sur le papier. À partir du 1er juillet 2025, l’administration ne pourra plus faire semblant d’ignorer les souffrances causées par les vagues de chaleur. Un décret impose enfin des obligations claires aux employeurs publics, Éducation nationale comprise. Horaires aménagés, eau en quantité suffisante, protection des agents vulnérables : ces mesures ne sont plus des options, ce sont des droits. Reste à les faire appliquer. Action & Démocratie appelle les personnels à ne rien laisser passer : l’exposition à la chaleur n’est pas une fatalité, c’est une négligence qu’on peut désormais contester.

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Insécurité dans les établissements scolaires : une revue de presse

Selon le ministère de l’éducation nationale, entre le 26 mars et le 23 mai, 6000 contrôles ont entraîné la saisie de 186 couteaux, et 587 conseils de discipline ont eu lieu au total pour détention de couteaux. Voici une recension non exhaustive d’agressions récentes contre des enseignants durant l’année scolaire 2024-2025. Et ce ne sont là que la vingtaine de faits de violence grave dont la presse s’est faite l’écho, c’est-à-dire une goutte d’eau en comparaison de la réalité…

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Usage de l’IA dans l’éducation : la menace fantôme

Le projet de « cadre d’usage de l’intelligence artificielle en éducation » présenté par le ministère élude les enjeux fondamentaux liés à la formation de l’esprit et à la mission même de l’école. AD/CFE-CGC dénonce l’absence de réflexion éthique, le manque de précautions face aux risques pédagogiques et la banalisation d’outils susceptibles d’atrophier l’intelligence naturelle que l’école a pour mission de former. AD/CFE-CGC refuse donc de cautionner un cadre d’usage qui ne cadre rien et en appelle à une réflexion de fond à la hauteur des enjeux humains, pédagogiques et éthiques que soulève cette transformation.

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Réforme du CAPES : vers un BTS enseignement ?

Alors que le niveau des élèves baisse et que le métier d’enseignant perd en attractivité, le gouvernement s’engage dans une réforme du recrutement qui sacrifie la formation scientifique aux postures idéologiques. Fini les professeurs spécialistes, place aux techniciens de l’inclusivité formés à la va-vite pour répéter les dogmes du moment, comme s’il fallait savoir moins pour enseigner mieux. A ce rythme, pourquoi pas un simple BTS pour devenir professeur ? Action & Démocratie dénonce cette dénaturation du métier masquée sous les habits trompeurs de la « professionnalisation ».

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10% en moins en cas d’arrêt maladie : AD/CFE-CGC se mobilise

Inscrite dans la loi de finance 2025, la baisse de 10% du traitement pendant les trois premiers mois de congé maladie ordinaire aura inévitablement pour effet, compte tenu de la faiblesse des traitements, de pousser les agents à effectuer leur service tout en étant malades et de ce fait contagieux pour leurs collègues aussi bien que leurs élèves : d’un simple point de vue sanitaire et organisationnel, une telle mesure est contre-productive autant pour le salarié que pour les élèves et l’institution. AD/CFE-CGC saisit le Conseil d’État pour la faire annuler.

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Vous avez dit CPS ?

Sans le moindre débat préalable, le ministère a décidé d’intégrer les « compétences psychosociales » dans tous les programmes scolaires, renforçant encore le rôle de l’école comme acteur de santé publique et de prévention. Mais est-ce là sa fonction ? Et sont-ce là nos missions en tant qu’enseignants ? AD conteste cette évolution et demande à être auditionné par le conseil supérieur des programmes.

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