« Revalorisation historique» ou mépris sans limite ?

Lettre d’information n°72 – 26 mai 2023

Une démission toutes les trois heures, une crise de recrutement sans précédent, un mal-être au travail grandissant : l’état déplorable dans lequel se trouve l’école de la République et l’amertume de ceux qui la font vivre sont désormais connus de tous. Pour remédier à une situation qui n’est plus tenable et mettre fin au déclassement continu des personnels de l’éducation, le gouvernement déploie de grands efforts en matière de communication afin de persuader l’opinion publique qu’il procède à une « revalorisation historique » du salaire des enseignants. Mais nous savons qu’il n’en est rien : les quelques mesures qui constituent la revalorisation dite « socle », c’est-à-dire la part d’augmentation de salaire accordée sans condition, sont dérisoires en comparaison de la chute de notre pouvoir d’achat. Qui plus est, il s’agit d’augmenter des primes et non le traitement, ce qui est donc sans effet sur les retraites. 

Mais il y a pire : profiter de la paupérisation des personnels enseignants pour leur faire miroiter des augmentations à condition qu’ils acceptent de « nouvelles missions » ! C’est ce qu’on appelle la « revalorisation-pacte ». Outre le cynisme d’une telle démarche, ce « nouveau pacte avec les enseignants pour transformer l’école », comme sa dénomination complète l’indique, porte en lui les germes d’une profonde redéfinition du métier à laquelle nous ne pouvons souscrire. Nous vous expliquons ici pourquoi.

Revalorisation socle : le compte n’y est pas !

Les mesures de « revalorisation » annoncées par le ministère, effectives dès septembre 2023, se répartissent en une partie « socle » sans condition et une partie « pacte » liée à des missions supplémentaires. Augmentation de l’ISOE, de l’ISAE, de la prime d’attractivité : on est loin de la hausse de 10% promise pour tous !


Pacte : attention, danger !

Le « pacte » consiste en un ensemble de « missions » supplémentaires proposées aux agents sur la base du volontariat pour une durée d’un an renouvelable. Il s’agit donc, ni plus ni moins, d’une forme de contrat à durée déterminée. Et, bien qu’il ne porte (encore) que sur des tâches marginales et qu’il ne soit pas (encore) obligatoire, il fait peser des risques bien réels sur nos obligations de service (ORS).