Inscription de complaisance au CNED, remontée des notes d’un professeur contre son avis, tentative de médicalisation, falsification des bulletins… ! Tout cela avec la collaboration active de l’institution agissant contre l’enseignante et au mépris de l’intérêt général, de la déontologie professionnelle et même du droit ! Une incroyable histoire vécue par Sabine Cuni, professeur de philosophie, adhérente d’Action & Démocratie et « lanceuse d’alerte » selon le journal Marianne qui y consacre un article édifiant en exclusivité.

Tout a commencé pour Sabine par la découverte, parmi ses copies, d’un devoir qu’un de ses élèves présentait comme le sien alors qu’il était manifeste qu’il ne l’avait pas fait seul. Comme tout collègue devant un tel cas, elle a fait refaire son travail à l’élève concerné dans les conditions permettant de vérifier s’il en était l’auteur, et il s’en est avéré incapable. Mécontent de sa nouvelle note, ce dernier a fait intervenir sa famille, manifestement influente puisqu’il a obtenu de la direction de l’établissement la « faveur », au mépris du règlement, d’être retiré de son cours et de suivre l’enseignement de philosophie au CNED dans le cadre dit de l’enseignement réglementé réservé aux situations très particulières. On imagine ce que peut produire sur l’autorité d’un professeur vis-à-vis des autres élèves le fait que l’un d’eux, refusant sa note, obtienne une dispense d’enseignement ! Bien entendu, la moyenne de cet élève fit un bond de 8 à 18/20 par la grâce d’un seul devoir évalué par le CNED dont nul ne pourra prouver qu’il en fut l’auteur. C’est alors que, avec le soutien d’Action & Démocratie qui l’a accompagnée dans toutes ces démarches et l’a protégée quand elle était mise en accusation, Sabine va entamer une lutte héroïque pour simplement valoir le droit et les principes de la République, si souvent bafoués par ceux qui les invoquent du matin au soir en confondant au passage les principes avec des « valeurs » (sic). Elle s’adressa au médiateur de l’éducation nationale, à l’inspection pédagogique, au CNED, à la DEC, en bref à toutes les autorités en lesquelles elle se remettait pour faire respecter la loi devant ce qui lui paraissait constituer une fraude, ou du moins une tentative de fraude, avec la complicité active de l’établissement où elle était affectée. C’en fut assez pour alerter le rectorat sur le caractère gênant de ce professeur-de-base-empêcheur-de-tourner-en-rond : après que le directeur de cabinet tenta en vain de la ramener dans le droit chemin du pas-de-vaguisme et de l’omerta, on n’hésita pas à la faire convoquer par les services de médecine de prévention avec le projet manifeste de la placer en congé d’office pour son bien (ce que nous avons empêché), et non sans avoir tenté de briser sa résistance en envoyant de Paris un inspecteur général pour l’inviter à se montrer moins rigide et plus laxiste. Ce dernier, alors qu’il n’avait pas évoqué le sujet lors de sa venue, lui adressa ensuite un courrier ahurissant par lequel il lui annonçait qu’il « préconiserait à la rectrice une hausse mécanique des notes en philosophie » ! Ce qui fut fait, dans des conditions tout aussi ahurissantes d’ailleurs puisqu’en guise de « remontée mécanique », Sabine constata que ses notes avaient été modifiées de façon totalement arbitraire, bouleversant en outre le classement des élèves concernés au détriment des plus méritants d’entre eux, et ce quelques heures avant la clôture des saisies des dossiers sur PARCOURSUP sur lesquels elle n’avait donc plus le moyen de rétablir la réalité ! La rectrice n’a par ailleurs jamais répondu au courrier d’Action & Démocratie lui signalant les premières anomalies [courrier que voici : lien vers DOC 2A] et c’est au ministre que nous signalerons les dernières.

Il fallait que cette incroyable affaire soit révélée à l’heure où l’on s’apprête, en renforçant le contrôle continu au baccalauréat, à mettre tous les professeurs concernés dans des situations comparables, c’est-à-dire à les exposer à des pressions et des exigences contraires à leur éthique professionnelle, et à persécuter et mettre en accusation tous ceux qui voudraient encore faire correctement leur travail dans un environnement aussi dégradé, tous ceux qui ont une conscience claire de leur devoir au sein d’une institution qui ne sait plus du tout quel est le sien !

Voici donc l’édifiante enquête que le journal Marianne a consacré à ce combat qui risque de devenir dès demain celui de tous :

[ https://www.marianne.net/societe/education/surnotation-au-lycee-en-corse-le-combat-dune-enseignante-face-a-leducation-nationale?fbclid=IwAR3eNxJaamOjeB6aZv5rLr3S7O4Ko3U2ys8iAxjUSMKXQoWUkHdUP7m4Zxo ]