Sous la pression de la Cour des comptes, le ministère de l’éducation nationale vient de décider de mettre fin au régime particulier des directeurs d’école parisiens. En effet, depuis 1982, les directeurs de la ville/académie de Paris exerçant dans des écoles de plus de 5 classes (soit la quasi-totalité des écoles de la capitale) disposaient d’une décharge complète, la ville de Paris remboursant à l’État les rémunérations versées aux enseignants remplaçant les directeurs dans leurs classes.
Mais depuis 2017, pour des raisons financières, la Ville de Paris a progressivement réduit sa participation au dispositif, jusqu’à décider en 2019 de ne plus y contribuer du tout, en assurant cependant espérer le maintien de celui-ci aux frais de l’État.
A l’automne dernier, la Cour des comptes a donc estimé que le dispositif, en plus de coûter cher à l’État, constituait une rupture d’équité vis-à-vis de toutes les autres communes qui, elles, n’en bénéficient pas, à commencer par celles – généralement plus défavorisées – situées de l’autre côté du périphérique.
Cette décision aura pour conséquence immédiate la suppression de 52 postes, ce dont le ministère ne peut que se réjouir, à l’heure où le recrutement d’enseignants s’avère de plus en plus difficile. Et tant pis pour les écoles concernées dont le fonctionnement va se trouver évidemment très impacté.
Le souci d’équité entre fonctionnaires, où qu’ils exercent sur le territoire, justifie-t-il la suppression de ce régime dérogatoire? Bien sûr que non. Compte tenu de la charge colossale de travail demandée aux directeurs, il était aisé de constater que seuls les directeurs parisiens étaient en mesure de répondre (et encore) à un tel cahier des charges, preuve que leur « privilège » était tout sauf un luxe.
Pour rappel, lors des débats sur la loi Rilhac (2022-2023), Action & Démocratie ne s’est pas contenté d’exiger une augmentation du temps de décharge des directeurs, mais aussi un allègement radical de leurs tâches administratives car celles-ci n’ont fait qu’augmenter de façon exponentielle depuis 20 ans. Un audit sur la lourdeur administrative, effectué auprès des directeurs d’école, permettrait à coup sûr d’envisager la suppression d’une foule de tâches inutiles. Nous n’avons malheureusement pas été entendus sur ce point. Loin de simplifier le rôle du directeur d’école, la loi Rilhac a complexifié celui-ci, l’alourdissant de responsabilités supplémentaires, sans moyens adéquats.
Action & Démocratie entend la nécessité pour l’État de surveiller ses dépenses mais juge inadmissible que ce soit aux dépens du fonctionnement de nos services publics et des conditions de travail de ses agents. Les révélations récentes de la presse devraient plutôt inciter le gouvernement à se pencher sur certains organismes consultatifs à l’utilité très discutable et au train de vie indécent de ses membres.
Plutôt que le nivellement par le bas, Action & Démocratie réclame pour nos directeurs d’école des conditions de travail dignes sur tout le territoire et des moyens suffisants pour exercer convenablement leurs missions, notamment des taux de décharges bien supérieurs à la situation actuelle :