Accueil » L’émergence d’Action & Démocratie dans le paysage syndical
Brève histoire d'Action & Démocratie
A la fin des années 1940, alors que le syndicalisme français connaît des modifications fortes, le paysage syndical enseignant est plutôt simple. Il est dominé largement, pour ne pas dire écrasé, par la FEN (Fédération de l’Education Nationale) qui a réussi le tour de force de maintenir l’essentiel du monde enseignant en dehors des champs de syndicalisation de la CGT et de FO en échange de l’engagement tacite à respecter une stricte neutralité entre ces deux centrales syndicales.
Pas tout à fait monopolistique, mais pas loin, et surtout absolument pas monolithique puisque constituée de plusieurs tendances – les principales étant « unité, indépendance et démocratie » qui est majoritaire et très attachée au positionnement initial, « unité et action » qui penche sans vraiment le cacher du côté de la CGT et « école émancipée » qui flirte ouvertement avec les milieux trotskystes – la FEN recueille environ 85 % des voix lors des différentes élections professionnelles.
A côté de ce mastodonte, une petite concurrence existe et s’efforce, à défaut de se faire une place au soleil, de ne pas disparaître. Elle est constituée surtout du SNALC, qui peine à s’affirmer du fait de son positionnement centré sur les seuls enseignants du second degré, de la CFTC qui a du mal à trouver sa place dans un milieu très marqué par la laïcité ainsi que du SNET-FO et du SNETP-CGT, deux micro-syndicats de l’enseignement technique et professionnel tolérés par la FEN en raison des liens évidents entre ces voies d’enseignement et le milieu ouvrier.
Malgré quelques soubresauts internes à la FEN, dont la vie n’a absolument rien d’un long fleuve tranquille, et un début de diversification du paysage syndical avec notamment l’apparition du SGEN-CFDT en 1964 et du SNUDI-FO en 1983, la situation reste globalement figée jusqu’à la déflagration qui s’est produite en 1992 et qui a vu la FEN se scinder entre ce qui allait devenir le SE-UNSA et plusieurs syndicats catégoriels regroupés dès l’année suivante dans la Fédération Syndicale Unitaire (FSU).
Le motif de cette division ? La volonté de mettre en place, à la suite de la création en 1990 des professeurs des écoles au statut identique en tout à celui des titulaires du CAPES, un corps unique d’enseignants allant de la maternelle à la classe de terminale. Une véritable révolution acceptée par certains essentiellement issus du premier degré, mais fermement refusée par d’autres bien conscients que si enseigner est un même métier, il comporte des facettes différentes justifiant le maintien de corps spécifiques.
Les futurs fondateurs d’Action & Démocratie, tous PLP et attachés aux spécificités de ce corps, figuraient naturellement parmi les opposants à la création d’un corps unique d’enseignants. Ils sont donc restés à l’intérieur de leur syndicat, le SNETAA, lequel a rejoint la FSU dès sa constitution officielle. Puis, en 2002, constatant la politisation de plus en plus forte de la FSU, le SNETAA a décidé de s’en séparer et de faire cavalier seul. Une position suivie par les futurs fondateurs d’Action & Démocratie qui sont donc restés membres du SNETAA.
Syndicat largement majoritaire chez les PLP, le SNETAA fonctionnait sur la base, non pas de tendances comme c’était autrefois le cas au sein de la FEN, mais de courants de réflexion et d’activité syndicale, les CRAS. Parmi eux, le courant majoritaire était dénommé « Autrement » et le principal courant d’opposition s’appelait « Action & Démocratie ». Entre les deux, une rupture est intervenue en 2010, causée notamment par le non-respect de la volonté exprimée par la majorité des adhérents sur le passage du bac professionnel de 4 ans à 3 ans (cf. ci-dessous).
Ainsi est né Action & Démocratie, un syndicat initialement constitué exclusivement de PLP dont l’ADN est constitué de trois bases : le refus du corps unique d’enseignants, la non politisation et le respect de la volonté des adhérents. Depuis, A&D a fait le choix de s’affilier à la CFE-CGC et d’élargir son champ de syndicalisation à tous les corps de l’Education nationale, dans le respect des particularités de chacun. Un syndicat de plus, diront certains ! A tort, puisque nous sommes un syndicat qui parle à tous, qui parle pour tous avec l’ambition de refonder le paysage syndical enseignant sur des bases saines…