Présentation du vœu Action & Démocratie / CFE-CGC « Amendement Samuel Paty »
Présentation du vœu Action & Démocratie / CFE-CGC « Amendement Samuel Paty »
Tout est dit dans la déclaration préalable d’Action & Démocratie / CFE-CGC ainsi que dans l’exposé des motifs contenu dans l’amendement lui-même.
Nous ajoutons ici quatre brèves remarques.
Premièrement, l’amendement Samuel Paty est une proposition dont le syndicat de l’éducation de la CFE-CGC, Action & Démocratie, se charge de faire la promotion auprès des parlementaires puisque c’est eux qui ont vocation à la défendre, ainsi qu’auprès du Gouvernement directement, ce qui permettrait d’aller plus vite. Que cet amendement soit au préalable approuvé par le Conseil supérieur de l’éducation constituerait évidemment un fort symbole et une raison supplémentaire pour qu’il fasse consensus au sein du Parlement, tout parti politique confondu.
Deuxièmement, nous n’ignorons pas la circulaire interministérielle du 02 novembre (qui n’est d’ailleurs curieusement pas co-signée par le ministre de l’éducation) destinée à renforcer la protection des agents publics face aux attaques dont ils font l’objet, circulaire qui fait explicitement référence à l’assassinat de Samuel Paty pour détailler un certain nombre de procédures relatives à la protection fonctionnelle, vrai sujet sur lequel nous alertions ici depuis trois ans en vain. Cette circulaire est une bonne chose. Il est urgent qu’elle trouve un équivalent dans l’Education nationale. Mais une circulaire est une chose, la loi en est une autre. Ce qui est en cause dans le cas de Samuel Paty ainsi que dans de nombreuses situations qui, fort heureusement, ne connaissent pas des issues aussi effroyables, ce n’est pas seulement la protection fonctionnelle de l’agent public, mais le fonctionnement de l’institution scolaire et la perte de repères qui conduit à la multiplication des faits de même nature, quels qu’en soient les degrés et les conséquences. Dans l’institution chargée de l’éducation, l’outrage à agent revêt une dimension particulière que les textes déjà en vigueur ne suffisent pas à prendre en compte, comme l’expérience le montre amplement.
Troisièmement, il importe de redire ici à quel point la loi doit être claire, dépourvue d’ambiguïté, débarrassée de termes vagues et de circonlocutions qui sont en réalité autant de renoncements, de lâchetés, de compromissions. « L’exemplarité » et « l’engagement » d’un professeur ne mesurent pas son autorité et ne conditionnent pas le respect qui lui est dû ; ce sont des qualités souhaitables, mais il est difficile d’en juger avec objectivité et exactitude ; elles peuvent certes produire l’admiration, mais on peut faire son métier d’enseignant sans être forcément admirable ni exemplaire, tandis que l’autorité est une condition nécessaire à l’exercice du métier. Soyons donc clairs : il ne faut pas confondre l’autorité dont un professeur fait preuve en fonction de sa manière de servir, et l’autorité qui est attachée à sa fonction. La première ne relève pas de la loi. Il est stupéfiant qu’un article de loi commettant une telle confusion ait pu être adopté. Mais il n’est jamais trop tard pour revenir, et nous en avons cette fois l’occasion.
Quatrièmement enfin, nous savons bien qu’une loi ne réglera pas tout : qu’on s’épargne donc ici le ridicule de prendre de tels chemins de traverse faciles pour ne pas soutenir cet amendement de bon sens ! Oui, le travail va être long et difficile et il y aura certainement encore des cas de contestation de l’autorité à déplorer ainsi que des pratiques erratiques à corriger au sein de l’Education nationale, à commencer par les mauvaises habitudes prises ces dernières années par une hiérarchie trop occupée à ne pas faire de vague, quitte à persécuter son personnel dans ce but. Mais comment espérer en venir à bout, comment espérer conforter l’autorité des personnels, sans laquelle toute éducation est d’emblée compromise, si le texte le plus fondamental, celui de la loi, est lui-même contaminé par la confusion et fait preuve d’une telle ambiguïté qu’il permet le pire ? Non, le respect n’est pas négociable ! Non, ce n’est pas « je te respecte si tu me respecte » ! On ne se tient pas par la barbichette ainsi dans le cadre d’une relation éducative ! Si nous ne sommes pas capables de dire tout simplement que le respect de l’autorité des personnels est un devoir de la part des élèves et de leur famille, alors la situation est extrêmement grave et tous les professeurs devront à l’avenir s’inquiéter ! Nous ne voulons pas croire que le Conseil supérieur de l’éducation les abandonne en rase campagne, ce qui serait en outre un très mauvais service qu’on rendrait aussi aux jeunes gens, à qui fournir des repères reste notre plus élémentaire devoir.