Combien gagne un professeur, non pas à un moment particulier de sa carrière mais sur l’ensemble de sa carrière ? C’est une question à laquelle il a très longtemps été impossible de répondre étant donné que le passage d’un échelon à un autre se faisait selon trois rythmes différents qui pouvaient changer au cours de la carrière : l’avancement au grand choix, qui était le rythme le plus rapide réservé à seulement à 30% des professeurs, l’avancement au choix qui était le rythme moyen et majoritaire et enfin l’avancement à l’ancienneté qui était le rythme le plus lent infligé à ceux qui ne donnaient pas entière satisfaction.

Mais, depuis l’entrée en vigueur du PPCR en 2017, ces trois rythmes d’avancement n’existent plus. Désormais, le passage d’un échelon à l’autre se fait selon un cadencement unique. Il est donc maintenant possible de déterminer le gain financier d’un professeur sur l’ensemble de sa carrière. A combien s’élève-t-il ? S’il effectue une carrière complète de 43 ans – ce qui suppose qu’il ait commencé au plus tard à 24 ans – sans aucune interruption pour convenance personnelle ou pour raison de santé et si l’on ajoute à son traitement indiciaire les primes que tous perçoivent (part fixe de l’ISOE et prime d’attractivité), il est de 1.400.777 euros net.

Cela représente un salaire net moyen de 2.714 euros. Un montant qui apparaîtra à beaucoup étonnamment élevé et bien éloigné de ce qu’ils peuvent lire sur leur fiche de paie, mais qui s’explique par le fait que les 1.774 euros mensuels du début de carrière ne sont perçus que pendant un an alors que, recul de l’âge de départ à la retraite oblige, les 3.392 euros mensuels de la fin de carrière le sont pendant 8,5 ans. Par ailleurs, ce salaire net moyen sur l’ensemble de la carrière ne représente que 1,96 fois le montant actuel du SMIC alors que le salaire d’un professeur débutant s’élevait en 1980 à 2,3 fois le SMIC.

La rémunération perçue par les professeurs n’a donc rien de mirifique ! Le PPCR a toutefois prévu deux mécanismes qui permettent de l’augmenter : l’avancement accéléré d’échelon qui permet à 30% des professeurs de rester un an de moins au 6^ème échelon et/ou au 8^ème échelon ainsi que la possibilité d’accéder à la Hors classe dès le 9^ème échelon de la classe normale après seulement 2 ans d’ancienneté pour ceux bénéficiant d’un coup de pouce du Recteur. Ces mécanismes n’étant pas automatiques, ils ne profitent pratiquement qu’aux professeurs ayant obtenu un avis « excellent » à l’issue de leur rendez-vous de carrière.

Avec quel gain financier ? Pour ceux ayant bénéficié d’un avancement accéléré à la fois au 6^ème échelon et au 8^ème et ayant été promu à la Hors classe au rythme moyen, la rémunération à l’issue de la carrière sera de 1.442.486 euros, soit 41.709 euros en plus. Ce n’est pas rien, certes, mais cela ne représente jamais qu’une hausse de 3%. Quant à ceux qui, en plus, auront bénéficié de l’accès le plus rapide à la Hors classe, ils gagneront royalement 3.656 euros de plus sur l’ensemble de leur carrière, soit à peine plus de 3,2% qu’un professeur ayant déroulé sa carrière au rythme normal.

Par contre, ceux qui auront bénéficié d’un avancement accéléré au 6^ème échelon ET d’un avancement accéléré au 8^ème échelon ET de l’accès le plus rapide à la Hors classe ET d’un accès tout aussi rapide à la Classe exceptionnelle toucheront pendant leur carrière 1.536.113 euros, soit presque 10% de plus qu’un professeur lambda. Un gain tout à fait appréciable, qui ne sera accessible qu’aux quelques-uns qui auront déroulé une carrière parfaite au sens où l’entendent les inspecteurs, les IEN, les chefs d’établissements et les Recteurs. Brefs, ceux qui avant le PPCR étaient promus de façon discrétionnaire sur le contingent du Recteur.

Pour Action & Démocratie, la communication de ces données factuelles, chiffrées et précises doit permettre aux professeurs qui envisagent de déposer un recours après avoir reçu leur appréciation finale du Recteur à la suite à leur rendez-vous de carrière de le faire en toute connaissance des véritables enjeux…