AD/CFE-CGC, pour défendre l'école et tous ceux qui la font vivre

Je suis Paty

AD / ANALYSE /12 mars 2025

« Mon frère, accusé de discrimination et de racisme par une élève dont le mensonge était avéré de tous, a subi deux attaques qui ont nourri cette accusation et qui l’ont isolé, et définitivement désigné comme cible. D’abord, l’attaque des islamistes le condamnant pour le fond de son cours – avoir montré des caricatures – et ensuite, l’attaque de l’École sur sa pédagogie – avoir proposé aux élèves de sortir de la classe. Rendre à mon frère sa dignité d’homme et de professeur, c’est répondre à ces deux accusations. C’est montrer comment Samuel n’aura fait qu’appliquer deux valeurs républicaines qu’il avait chevillées au corps : la liberté d’expression et le principe de laïcité. »

Mickaëlle Paty, Le cours de monsieur paty

Enseignants et enseignantes ont peur ! Ils ont doublement raison… Car ils sont exposés aux violences physiques tout comme aux délations publiques, et ils ne peuvent pas compter sur leur autorité de tutelle pour les protéger. Mise sous pression par les agissements de groupes qui veulent décider des contenus d’enseignement autorisés, l’institution scolaire fait bon accueil aux plaintes victimaires de minorités agissantes. La formation de l’esprit critique n’est plus la norme, c’est dorénavant le ressenti des élèves et des parents d’élèves qui sert de pierre de touche pour juger la manière de servir d’un professeur. L’Éducation nationale est en proie à une autodestruction mise en œuvre par une police de l’enseignement qui exerce un contrôle disciplinaire sur les professeurs dans le but de les mettre au pas. C’est un des enseignements à tirer de la lecture édifiante de l’ouvrage que la sœur de Samuel Paty a rédigé dans le but de réhabiliter l’homme et le professeur. Avant de subir le pire après avoir été lynché sur les réseaux sociaux, Samuel Paty a été lâché par sa hiérarchie : la sanction du professeur avait même été promise par le rectorat à ses détracteurs !

Je suis Paty
sommaire

1/ Réhabiliter Samuel et le professeur Paty
2 /Discrimination réelle ou ressentie ?
3 /Reproche indécent d’un rapport institutionnel… parfaitement inapproprié !
4/ Cécité d’une institution confrontée à la stratégie victimiste de l’islamisme
5/ Sanction disciplinaire d’une ‟erreur” pédagogique
6/ Destruction et autodestruction de l’école républicaine

Le cours de monsieur Paty qui aura signé son arrêt de mort a été publié chez Albin Michel par sa sœur Mickaëlle avec le concours d’Émilie Frêche. À la veille du procès des complices présumés de l’assassinat de son frère, le 16 octobre 2020, qui s’est déroulé du 4 novembre au 20 décembre 2024. C’est un devoir de lire cet ouvrage ! Christiane F., professeur de philosophie, auteur du texte Je suis Paty ci-dessous, nous explique pourquoi.

Réhabiliter Samuel et le professeur Paty

Je suis Mickaëlle Paty dans son souci de rétablir dans sa dignité l’homme, lynché par les islamistes sur les réseaux sociaux, et le professeur, lâché par sa hiérarchie et quelques collègues. Je suis Samuel Paty dans sa manière d’enseigner et d’être enseignant, tout le temps avec le sourire et faisant tout le temps des blagues : « C’était quelqu’un qui était avec nous en tant que prof mais aussi humainement avec nous », écrit un de ses élèves. Une autre, harcelée pour son orientation sexuelle, confie qu’il aura su l’écouter, la conseiller et la protéger aussi. La qualité de l’homme et de l’enseignant se mesure à la valeur humaine des témoignages de ses élèves pleins de gratitude. Il conviendrait de ce fait de commencer par la fin à lire Le cours de monsieur Paty pour y découvrir le prof passionné et passionnant qui aura su montrer la voie à ses élèves (p. 163-166) : non pas avoir de prime abord un avis tranché, ni répéter, mais réfléchir et préparer des arguments pour se confronter au dilemme !

L’enseignant a pour mission de former l’esprit critique des élèves en les aidant à s’émanciper eux-mêmes, et par eux-mêmes, de leurs propres croyances et autres préjugés. Suivant les instructions officielles d’Éduscol, le professeur Paty s’est appuyé sur l’actualité judiciaire pour faire son cours du 5 octobre 2020 sur la liberté d’expression : c’est le moment du procès des attentats de 2015 contre Charlie Hebdo. Je suis Paty lorsqu’il invite ses élèves à s’interroger sur ce que signifie « Je suis Charlie » en 2020. Le dilemme qu’il leur donne à penser, c’est de savoir s’il est juste ou injuste de publier des caricatures de Mahomet qui peuvent offenser la sensibilité des musulmans : être Charlie et dénoncer la violence, au nom de la liberté de la presse, ou ne pas être Charlie, pour éviter la violence !?

L’ouvrage reconstitue ce cours du lundi 5 octobre 2020 sur la liberté d’expression (I), puis il fait de manière minutieuse l’anatomie de la cabale islamiste dont a été victime le professeur, accusé d’avoir discriminé et stigmatisé de manière raciste les musulmans (II), avant de défendre ce cours de Samuel Paty non seulement contre la condamnation islamiste de son contenu, mais encore contre la critique institutionnelle de son choix pédagogique d’avoir laissé sortir des élèves de la salle de cours (III). La « chronique d’une mort annoncée » par le #Pasdevague fustige la cécité des institutions républicaines face à la poussée de l’islamisme en se focalisant sur le cas de l’Éducation nationale, plus préoccupée d’éviter les vagues que de protéger et soutenir le personnel enseignant : cette partie centrale fournit des détails précieux sur les raisons institutionnelles qui ont poussé les responsables du rectorat à désavouer le choix pédagogique de l’enseignant de donner aux élèves la possibilité de sortir de classe (IV). Dans la dernière partie, Mickaëlle Paty justifie la démarche judiciaire de la famille pour faire reconnaître la responsabilité de l’État dans le drame et elle dénonce l’insuffisance des réponses apportées depuis lors aux niveaux scolaire, policier et judiciaire, avant de finir par s’interroger sur la politique publique qu’il conviendrait de mener (V). Les documents en annexe donnent tous les éléments pour juger en connaissance de cause de ce drame absolu : les diapositives du cours s’y trouvent, ce qu’on apprécie tout autant que de pouvoir lire la fiche d’établissement qui signale l’enseignant comme auteur du méfait dont un groupe d’élèves aurait été victime (p. 189-190). Ça ne s’invente pas…

Revenant sur l’assassinat de Dominique Bernard le 13 octobre 2023, Mickaëlle Paty constate que les islamistes n’ont même plus besoin des caricatures pour justifier un crime, ni d’invoquer l’alibi du voile pour attaquer l’école. De même, on peut se demander si la critique du choix pédagogique de M. Paty de laisser des élèves sortir du cours ne sert pas de paravent à quelques parents musulmans, autant qu’aux institutionnels de l’Éducation nationale, pour cacher la contestation du choix d’avoir montré les caricatures. Ce serait le fond de l’hypocrisie de l’institution qui ferait le lit de l’islamisme en cédant à la facilité d’un « Oui, mais… » aussi inacceptable qu’insoutenable : le professeur aurait été dans son bon droit à montrer les caricatures, mais… il n’avait pas à laisser sortir les élèves de cours !

Il faut revenir sur la situation à laquelle les donneurs de leçons, installés dans leur bureau confortable, n’ont jamais été exposés, contrairement aux enseignants qui doivent prendre des décisions pédagogiques, parfois risquées, pour assurer leur mission. Le dilemme pédagogique pour le professeur Paty, c’était en l’occurrence de savoir comment montrer trois caricatures controversées de façon à illustrer la liberté d’expression, même satyrique, tout en respectant la liberté de conscience des élèves de 4e dont il avait la responsabilité (p. 38-39). Le mardi 6 octobre 2020, l’enseignant a proposé aux élèves d’une de ses deux classes de 4e de détourner le regard pendant le temps, une minute ou deux, où les caricatures ont été montrées. Mais le jour précédent, profitant de la présence de Joëlle, l’auxiliaire de vie sociale (AESH), il a proposé aux élèves qui pensaient pouvoir être choqués par les dessins de sortir de classe pendant le temps infime du cours nécessaire pour les montrer.

Premier incident ! Une fille s’est sentie discriminée et M. Paty doit le lendemain appeler sa mère, Mme N., pour la rassurer sur ses intentions… Formellement, c’est pourtant elle et quatre autres élèves qui se sont distingués en sortant. Mais, d’un point de vue institutionnel, « le ressenti de l’élève et de ses parents est le baromètre […] : Samuel Paty s’est rendu coupable d’une atteinte à la laïcité envers un groupe d’élèves » (p. 93).

Discrimination réelle ou ressentie ?

Chacun désire être distingué des autres, mais personne ne veut être discriminé. C’est entendu. Le problème est insoluble en raison du glissement perpétuel de la distinction, qu’on souhaite, à la discrimination, dont on se plaint. C’est tout à fait symptomatique du double bind provoqué par la problématique de la discrimination, à la fois exigée par un groupe pour marquer sa différence et critiquée dès lors qu’un autre groupe la lui fait remarquer pour se démarquer : d’une part, la revendication du respect des croyances et des coutumes, jugées correctes (halal) d’un point de vue religieux, implique d’arborer des signes ostentatoires d’appartenance à cette communauté pour en distinguer les membres au sein de la société (nous contre eux) ; d’autre part, cette même distinction revendiquée est interprétée de manière vindicative comme une discrimination polémique qui est imposée au groupe par les autres (eux contre nous). Par exemple, une mère d’élève qui veut que sa fille mange halal à la cantine scolaire a pu se plaindre dans les médias que sa fille avait été discriminée par un signe distinctif. Comment faire ?

Sans un tel signe de reconnaissance, le personnel de service à la cantine ne peut juger qu’au faciès et c’est d’ailleurs ce qu’il fait avec pour conséquence, cela arrive régulièrement, de discriminer un végétarien en refusant de lui servir un plat réservé aux musulmans… Ce grave manquement au principe de neutralité ne semble pas choquer l’institution, insensible à la minorité végétalienne ou végane. La discrimination positive des uns passe par la discrimination négative des autres. Où est en fin de compte la faute ? Le professeur a-t-il commis l’erreur de prendre soin de respecter la liberté de conscience de jeunes gens de 13-14 ans qui auraient pu se sentir offensés par la vue des caricatures ?

L’institution y a vu une faute, un manquement au principe de laïcité qui a pu froisser des élèves et leurs familles. C’est l’avis tranché du référent laïcité du rectorat qui invoque une lettre de Jules Ferry pour faire la leçon à un hussard noir de la République… C’est également le jugement du rapport de la mission d’enquête administrative de l’IGésr sur les événements survenus au collège du Bois d’Aulne qui a été transmis au ministre de l’Éducation [2020-145, octobre 2020] : bâclé en deux semaines selon la sœur du professeur assassiné (p. 129), ce rapport renchérit en affirmant que Samuel Paty a eu du mal à reconnaître son erreur (dixit), mais qu’il aurait fini par concéder la maladresse qu’il a commise à distinguer certains élèves en leur proposant de sortir de classe [IG, p. 11 vs p. 14]. Mickaëlle Paty montre très bien que la seule et unique victime de cette affaire, le professeur incriminé avant d’être assassiné, a bien fini par se croire fautif en raison de la pression exercée par sa hiérarchie (p. 95-96). C’est tout le problème.

L’institution a donné raison à la plainte émise par des familles choquées par une proposition vécue comme une discrimination, tout en démarquant cette réaction jugée légitime de l’instrumentalisation de cette situation par le père d’une élève qui lance une cabale islamiste contre l’enseignant, en faisant passer l’exclusion disciplinaire de sa fille absentéiste et insolente pour une discrimination antimusulmane. Ce sont les « éléments de langage » convenus pour traiter la situation [IG, p. 8]. Selon la version que l’institution donne des événements, il y aurait eu deux situations sans aucun rapport [IG, p. 11-12] :

  1. Le problème individuel d’un père qui dénature les faits et monte une affaire avec la collaboration d’un militant islamiste;
  2. Le problème de la situation collective de la classe et du collège que le manquement à la neutralité laïque du professeur a provoqué en froissant des élèves et des parents musulmans !

Reproche indécent d’un rapport institutionnel… parfaitement inapproprié !

Toute la question est de savoir si l’on peut radicalement dissocier le problème particulier de la situation d’ensemble. Il y a bien un cas particulier provoqué par le mensonge d’une élève, entre-temps condamnée pour dénonciation calomnieuse en 2023.

Ce fait établi est bien connu et reconnu : la menteuse a affirmé qu’elle assistait le lundi au cours d’une autre classe de 4e que la sienne, que ce cours portait sur l’islam et qu’il a été demandé aux musulmans de sortir au moment où un dessin du prophète nu a été montré [IG, p. 11]. La mère de la menteuse affirme que sa fille, dont elle avait pourtant excusé l’absence au cours du mardi auquel elle aurait dû assister, a été virée du collège par l’enseignant à cause de son refus de sortir de cours le lundi [IG, p. 5]. Le père reprend le même discours [IG, p. 6] dans trois posts sur facebook qui en appellent à « virer ce malade » : au collège, B. Chnina fustige le harcèlement subi par sa fille tout en menaçant d’organiser un rassemblement des musulmans, avant de porter plainte de manière scabreuse pour diffusion d’images pornographiques auprès de mineurs (p. 51-53 vs p. 119). A. Sefrioui, l’activiste salafiste qui accompagne le père au collège, exige la mise à pied de ce voyou, terme au plus haut point polémique dont Mickaëlle Paty nous apprend qu’il autorise à venger par la violence le comportement irrespectueux et violent d’un homme (p. 143) : les prétendus agissements de l’enseignant seront de surcroît assimilés à de la pédophilie au cours d’une vraie campagne de désinformation islamiste (p. 74). Dans ce sillage, un premier message anonyme évoque un climat d’islamophobie en France [IG, p. 5] et, en contrepoint des messages et vidéos qui dénoncent nommément le professeur sur les réseaux sociétaux, des appels aux fédérations de parents propagent la rumeur d’un Paty raciste qui stigmatiserait les musulmans [IG, p. 16].

Or ce sont précisément ces rumeurs qui suscitent une vive émotion en salle des profs, et non pas seulement les messages de deux enseignants en désaccord polémique avec le professeur Paty qui ont circulé sur la messagerie du collège : les pleurs des professeurs ne peuvent en effet s’expliquer que par les menaces envoyées de manière réitérée au collège et par les vidéos diffamatoires qui circulent désormais dans les réseaux sociaux [IG, p. 13-14]. Le rapport de l’IGésr ne donne pas la mesure de la mobilisation islamiste dont l’ampleur peut être appréciée à partir des chiffres fournis par l’enquête de Mme Paty : des centaines de messages sont envoyés au collège en réaction aux vidéos du père que des officines de l’islamisme extrémiste, comme le CCIF ou la mosquée de Pantin (100 000 abonnés), ont relayées (p. 67-69).

Plus grave encore, la mission d’enquête du ministère confond l’écho provoqué par le cours et l’émotion déclenchée par les menaces islamistes, sans les distinguer non plus de ce qui s’est produit dans l’entre-deux : la réaction de quelques parents musulmans, choqués que leur enfant ait été ou se soit senti discriminé, est également qualifiée d’« émotion face au déroulement du cours » par la mission d’enquête, à tort et à travers. Il faut lever ces confusions terminologiques en clarifiant conceptuellement la description des événements :

  • D’une part, l’écho du cours parmi les élèves et les parents n’est pas identique à l’émoi suscité chez une minorité de parents musulmans ;
  • D’autre part, l’émotion en salle des profs et l’effroi de tous les adultes au collège et au rectorat ont été provoqués par l’agitation islamiste qui entend ameuter les musulmans en propageant des fausses informations et en proférant des menaces.

Les rumeurs qui circulent font le lien entre tous ces éléments de la situation confuse qu’il convient de clarifier en ayant recours aux chiffres pour apprécier le rôle des uns et des autres dans le déroulement du drame. Le point de départ, c’est le cours et l’effet qu’il est censé produire sur les élèves. Car, même si c’est une évidence, il faut rappeler qu’un cours qui resterait sans effet manquerait son objectif : en l’occurrence, montrer les caricatures n’est pas une provocation (p. 85) ; il s’agit en effet pour Samuel Paty de lancer une réflexion sur la liberté d’expression en montrant des caricatures qui, pour choquantes qu’elles soient, ne tuent pas et permettent même de dénoncer la violence (p. 40-43). C’est le message à faire passer grâce au cours. Distinct de l’effet recherché, dont rien ne prouve qu’il n’ait pas été atteint dans les deux classes, il y a l’écho du cours qui se traduit par des demandes d’information des élèves à la CPE et de la part de parents à l’établissement : le rapport parle de moins d’une dizaine de parents inquiets [IG, p. 7 vs p. 14] dans un collège de 751 élèves. Selon la CPE, les parents auraient été la source de la demande d’information de leurs enfants, lesquels étaient peut-être plus curieux qu’inquiets : sur cette base délétère, le rapport croit pouvoir contredire le témoignage de l’AESH qui, pour sa part, n’a constaté aucune remarque ou rumeur exprimant un malaise dans les deux classes de 4e de M. Paty [IG, p.7], alors que les élèves qui ont assisté au cours ne peuvent pas être ceux qui ont voulu s’informer…

L’inquiétude d’une minorité de parents d’élèves contribue donc à donner un écho à la séquence controversée du cours, mais le rapport ne précise pas quelle est la teneur de l’écho et les raisons de l’inquiétude : il est fort possible qu’elle soit au moins en partie la conséquence des menaces proférées. Il faut donc chercher la source de la défiance envers l’enseignant ailleurs, à savoir dans les rumeurs malveillantes qui se propagent à l’intérieur du collège : comme un professeur a manqué à son devoir de réserve en dénonçant son collègue devant une classe de 3e (p. 71, cf. p. 64 du Cours), une élue au CA demande instamment à ses collègues de cesser d’alimenter les rumeurs [IG, p.10]. Ces rumeurs circulent entre enseignants, entre parents, entre enfants, etc. Distinct de l’inquiétude de la dizaine de parents dont il n’est qu’un élément, l’émoi des parents musulmans est encore plus circonscrit : il n’est question, en tout et pour tout, que de deux ou trois familles. Car le rapport ne précise pas si la mère que M. Paty a déjà rassurée, en l’appelant dès le mardi 6 octobre, est une des deux mères reçues avec le mari de l’une d’elles par la principale, le référent laïcité et l’adjointe, le vendredi 9 octobre : en tout cas, ces trois parents se disent rassurés, tout en regrettant l’absence du professeur [IG, p. 12]. Trois parents inquiets reçues par la direction de l’établissement et un IA-IPR envoyé par le rectorat, c’est tout sauf un manque de considération de l’émoi provoqué par le cours.

Percevant lui-même le malaise d’une élève affectée par la sortie de classe, l’enseignant y a répondu en appelant la mère, tout en étant contrarié par cette réaction qui le perturbe suffisamment pour qu’il en parle à un de ses collègues (p. 47-48). De son côté, le rapport évoque par deux fois la réaction de plusieurs élèves qui « avaient mal vécu d’être mis en situation de sortir de la classe » pour contredire la version de l’AESH qui n’a constaté aucun signe de tension [IG, p.4]. En présence de deux versions, la mission d’enquête administrative aurait dû user du conditionnel… Mais elle a tranché au préalable en faveur de la version qui étaye sa propre position, le manquement du professeur au principe de neutralité, en invoquant la réaction des élèves et des parents d’élèves comme si elle était motivée par leur sens aigu de la laïcité. Il y a deux points d’achoppement qui montrent le parti pris de la mission d’enquête :

  • le ressenti des élèves ou de leurs parents est la pierre de touche du jugement, alors que l’émoi ou l’indignation peut reposer sur une sensibilité exacerbée, voire une susceptibilité militante ;
  • de facto, la réaction des parents choqués n’invoquent pas la laïcité, contrairement au premier message anonyme d’indignation qui critique le professeur pour avoir semé la discorde en montrant à nos enfants une image du prophète nu au lieu de dispenser une « bonne éducation laïque » [IG, p. 5].

Au lieu d’éviter le piège d’islamistes qui retournent les règles de la laïcité contre la laïcité [IG, p.13], la mission d’enquête adopte ainsi une position islamo-compatible qui accrédite la légitimité des réactions d’inquiétude ou d’indignation d’enfants et de parents choqués, sans remarquer la contradiction dans laquelle elle s’enferre en accordant de la considération à la sensibilité musulmane des parents tout en critiquant l’enseignant pour avoir considéré la sensibilité musulmane des enfants…

Le diable étant dans les détails, il faut revenir sur la scène controversée pour remarquer les glissements dans la perception et la présentation tendancieuse de cet événement d’une minute ou deux, dont l’interprétation polémique a coûté la vie à un honnête homme et à un professeur consciencieux. Car tout est dans la nuance :

  • proposer de sortir à tous les élèves et autoriser à le faire ceux qui lèvent le doigt pour exprimer leur volonté, ce n’est pas commander aux élèves musulmans de se signaler en levant le doigt et leur imposer de sortir de cours ;
  • laisser sortir, ce n’est pas faire sortir et encore moins exclure de cours ;
  • respecter par là-même la sensibilité inhérente aux croyances religieuses, ce n’est aucunement discriminer les croyants en les distinguant des mécréants !

Tout en affectant de reconnaître cette différence capitale, l’institution l’efface subrepticement à travers le reproche fait au professeur d’avoir froissé les élèves en laissant maladroitement supposer qu’il s’adressait aux musulmans, erreur de jugement qui a eu pour effet non intentionnel un manquement à la laïcité, puisqu’il « a laissé penser qu’un critère religieux pouvait induire des activités pédagogiques différentes dans une même classe[1] » [IG, p. 12] : ce qui revient bien à distinguer certains élèves [IG, p. 14] et, donc, à les discriminer. Le mot de Jules Ferry repris par le référent laïcité, froissé, s’avère être la traduction institutionnelle du terme utilisé par la mère de la seule et unique élève qui a dit s’être sentie discriminée. La langue de bois de l’institution, qui fait droit au ressenti d’élèves prétendument froissés, ne peut dissimuler le fait qu’en reconnaissant l’erreur, elle a donné raison à la plainte émise par deux ou trois familles musulmanes, accréditant de la sorte l’idée qu’il y aurait eu effectivement discrimination à laisser sortir des élèves du cours en faisant de la sorte entorse au principe de laïcité.

[1]

« (…) La situation de la classe et du collège : M. Paty a reconnu avoir fait une erreur. Il ne voulait pas froisser les élèves en utilisant une caricature comme support pédagogique et il les a froissés en laissant supposer qu’il s’adressait aux musulmans. Il a été maladroit et il a laissé penser qu’un critère religieux pouvait induire des activités pédagogiques différentes pour une même classe. Mais si l’effet est celui d’un manquement à la laïcité / neutralité, à aucun moment le manquement n’a été intentionnel et cela a été très ponctuel dans une séance d’une heure d’une séquence pédagogique de sept séances. L’erreur a été reconnue dès les premiers appels de parents tant par la principale que par l’enseignant. » (extrait du relevé des conclusions du référent laïcité du rectorat cité par le rapport de l’IG, p. 12 ; l’italique est de mon fait).

Cécité d’une institution confrontée à la stratégie victimiste de l’islamisme

C’est précisément cette même « discrimination à l’égard des musulmans » qu’invoque également la mère de la menteuse [IG, p. 7] en se fondant sur le témoignage mensonger de sa fille à propos d’un cours qu’elle n’a pas suivi : selon le premier post du père, le prof a demandé aux musulmans de lever la main pour les faire sortir de cours (p. 51). Or c’est très exactement la formule qu’utilise la première mère qui se plaint à la principale pour soutenir le sentiment de sa fille d’avoir été discriminée [IG, p. 4]. La frontière entre les plaintes musulmanes et les accusations islamistes s’avère ainsi être poreuse. Car les uns et les autres se rejoignent pour reprocher à l’enseignant un acte de discrimination des musulmans, tout comme le collègue qui tombe lui-même dans le piège islamiste en critiquant l’exclusion temporaire des élèves du cours comme discriminatoire [IG, p. 13].

La différence entre les parents d’élèves ne porte donc pas sur le fond du débat, mais sur la forme : si les parents d’élèves modérés, qui se plaignent de la discrimination choquante de leurs enfants, sont à l’écoute des représentants de l’institution scolaire [IG, p. 12], en revanche les virulents parents de la menteuse refusent la discussion et les rendez-vous, préférant porter plainte et taper le scandale à travers une mobilisation médiatique des islamistes [IG, p. 5-6]. Mais l’arbre ne doit pas cacher la forêt : le cas particulier de cette famille de mauvaise foi, qui présente l’exclusion disciplinaire de leur fille comme une conséquence de son refus de sortir de la classe de Samuel Paty, est bel et bien une situation collective, contrairement à ce que prétend le rapport [IG, p. 11]. Car, comme l’affirme l’enseignant menacé, il y a tout un groupe d’islamistes locaux que le père de la menteuse est parvenu à mobiliser [IG, p. 13] en usant du même argument que les autres parents musulmans : la discrimination potentiellement raciste de leurs enfants !

La mobilisation islamiste ne fait ainsi qu’exacerber l’accusation de discrimination antimusulmane en l’aggravant du chef d’accusation de racisme. Dès le 8 octobre, c’est le leitmotiv du père et de son acolyte salafiste qui protestent tous deux de manière agressive contre l’exclusion du collège de la menteuse en accusant l’enseignant de s’être rendu coupable d’un acte raciste (p. 54) de discrimination (p. 57) qui revient à stigmatiser les musulmans (p. 66). La stratégie de confusion frériste entre musulmans et islamistes, ici à l’œuvre, a pour objectif d’entraîner les modérés dans le sillage de la mouvance extrémiste du salafisme. S’appuyant implicitement sur cette démarcation convenue entre modérés et extrémistes, le rapport de l’IGésr croit donc à tort pouvoir dissocier les deux formes de protestation contre le cours du 5 octobre 2020. Tombant dans le piège, l’institution a cru pouvoir contenir l’islamisme en reconnaissant le droit des musulmans à ne pas être offensés et discriminés, alors qu’ils ne l’ont pas été, mais ce faisant elle reprend l’argument même qui sert de prétexte à la campagne islamiste.

La faute de l’institution, c’est d’avoir fait droit à une plainte ultra-minoritaire de deux ou trois familles musulmanes, fondée sur le seul ressenti, sans même prendre en compte les autres versions du cours : le rapport de l’IGésr note ainsi sans en tirer de conséquence qu’une mère d’élève s’est déclarée choquée des fausses informations qui circulent sur les réseaux sociaux à propos du déroulement du cours que son fils a suivi [IG, p. 12]. La mission d’enquête aurait pu prendre connaissance de l’article de Libération en date du 18 octobre 2020. Une mère y raconte que sa fille avait suivi deux ans cette séance autour des caricatures qui n’avait pas suscité d’émoi particulier chez les élèves et leurs parents : la première fois, sa fille avait bien été touchée, mais la mère a su lui expliquer qu’il fallait prendre au second degré la démarche de cet enseignant de toute façon bienveillant et très investi qui, d’ailleurs, fut très présent pendant le confinement. Comme Samuel Paty faisait ce cours sous le même format depuis 2015 (p. 47 & p. 90-91), l’enquête ministérielle aurait pu se demander pourquoi la proposition de sortir de classe avait justement en 2020 provoqué tout d’un coup des remous et des rumeurs au sein d’un groupe très circonscrit d’enfants et de parents.

L’enquête institutionnelle ne semble pas non plus s’être intéressée à toutes les résistances opposées à l’accusation islamiste : par exemple, un courageux garçon qui était dans la classe de la menteuse a, le jour du drame, démenti ses allégations en présence du terroriste (p. 75). Il faut ainsi lire le livre pour apprendre ce que l’enquête superficielle de l’IGésr n’évoque même pas : Mickaëlle Paty rapporte qu’une mère voilée, scandalisée par les commentaires haineux que les islamistes avaient provoqués, a tenté en vain de sermonner les deux accusateurs principaux, l’activiste et le père, en défendant le « très bon professeur » contre les mensonges de sa fille insolente (p. 118). Cet exemple édifiant montre bien que le partage ne doit pas être fait entre musulmans et non-musulmans parmi les parents, mais bien entre les plaignants indécents, plus ou moins contaminés par les complaintes salafistes sur la prétendue discrimination prétendument raciste, et les gens de bonne foi qui défendent la laïcité contre les attaques et les outrances des islamistes. Pourquoi accorder à ces derniers tant d’importance, alors que la majorité des honnêtes gens ne se sentent justement pas froissés ?

Le problème qui se pose à l’école l’est en l’occurrence par des islamistes qui font des histoires pour trois fois rien, deux ou trois minutes qui auront pourtant coûté la vie à un enseignant pris dans la souricière des réseaux sociétaux et jeté en pâture aux intégristes de l’islam polémique. Dans ces conditions, l’émoi d’une ultra-minorité de parents soi-disant choqués ne justifiait aucunement de désavouer Samuel Paty pour calmer le jeu d’islamistes fanatisés. Tout le monde se dit choqué, le père de la menteuse [IG, p. 6] comme sa fille qui, interrogée sur son ressenti par Sefrioui, prétend que tous les élèves étaient choqués de ce manque de respect des musulmans : reprenant la rengaine victimaire de l’islamisme, la menteuse se plaint d’eux, ceux qui veulent nous rabaisser, pour justifier qu’elle n’ait plus envie d’aller dans les cours de M. Paty (p. 66-60), alors qu’elle ne voulait pas assister à ce cours pour lequel ses parents lui avaient fait un mot d’excuse (p. 156). Cette séquence sur les caricatures souffrait de toute façon depuis des années d’un taux d’absentéisme tout à fait symptomatique. Cela fait système avec le boycott salafiste d’autres contenus ou activités scolaires (p. 107) qui sont susceptibles de heurter la sensibilité d’élèves conditionnés à la pruderie (p. 133-134). Cet argument du manque ou de l’absence de respect des croyances taxées de musulmanes est d’autant moins tenable que la sensibilité blessée est pour partie sensiblerie affectée de manière militante. Dans ces conditions, on est en droit de se plaindre d’une institution qui, au lieu de protéger ses agents envoyés sur le front, valide les plaintes victimaires par peur d’un scandale médiatique ! Pourquoi prêter une oreille complaisante au ressenti victimiste des offensés d’office, alors que cette susceptibilité religieuse (p. 85) est stratégiquement exacerbée dans le contexte d’offensives islamistes contre la laïcité ?

La laïcité implique de respecter la liberté de conscience des croyants sans pour autant sacraliser le contenu des croyances religieuses. Ce qui est inscrit dans le droit (p. 119) doit être défendu en pratique contre les attaques militantes qui visent à forcer les enseignants à s’autocensurer (p. 85-86) au nom du respect exigé par les minorités confessionnelles ou… sexuelles ! Or les autorités institutionnelles se sont avérées parfaitement incapables de défendre le professeur Paty contre une émotion collective alimentée par des agitateurs professionnels qui menaçaient de provoquer une émeute en répandant calomnies et fake news.

L’Éducation nationale ne semble pas prête et préparée à combattre une cabale extérieure qui trouve une caisse de résonnance dans une lamentable intrigue de salle des profs (p. 79). L’institution va même, en le mutant (p. 97-98), protéger le ‟collègue” de Samuel Paty qui a manqué à son devoir de réserve en dénonçant ses agissements islamophobes devant une classe (p. 71) après s’en être désolidarisé par un mail assassin à l’ensemble des collègues (p. 63-64). Malheur en revanche au professeur par qui le scandale arrive !

Sanction disciplinaire d’une ‟erreur” pédagogique

L’institution qui dénonce l’erreur de Samuel Paty n’a manifestement rien compris ou rien voulu comprendre à la situation que la mission d’enquête de l’IGésr a analysée sur la base fragile d’un nombre très limité d’entretiens et de conversations téléphoniques [IG, p. 1] sans d’ailleurs en fournir le procès-verbal en annexe. Car la contestation de l’invitation à sortir quelques minutes de la salle de cours au nom de la laïcité cache en fait l’indignation islamiste devant le fait de montrer les caricatures…

C’est également le point de vue de l’institution qui avait prévu de traiter au rectorat la question pédagogique dès le 3 novembre [IG, p. 9]. En plus du manquement au principe de laïcité, le professeur Paty avait pris une décision qui posait un problème d’ordre pédagogique à sa hiérarchie. Au début du rapport institutionnel, il y a une trace de la contestation potentielle du choix pédagogique de montrer une des caricatures qui avaient « suscité des réactions violentes et fait du journal la cible des djihadistes en 2015 » [IG, p. 3]. L’attaque institutionnelle est précise : elle ne vise qu’un des trois dessins, celui du prophète nu avec une étoile couvrant son derrière que Coco avait publié dans Charlie Hebdo le 12 septembre 2012, au lendemain des violences déclenchées par la diffusion dans les pays musulmans d’extraits du court métrage Innocence of Muslims (p. 39-40). Pour l’institution, montrer le prophète dans une posture indécente est une pure et simple provocation qui ne peut qu’offenser les musulmans et, donc, c’est une décision irresponsable qu’il est impossible de justifier d’un point de vue pédagogique ! Il faut savoir lire entre les lignes du rapport institutionnel…

Si Samuel Paty, par bonheur, n’avait pas été assassiné après avoir été traîné dans la boue par les islamistes, il eût été suspendu et traîné devant un conseil de discipline pour être institutionnellement sanctionné en raison de deux griefs : manquement grave au principe de neutralité et faute pédagogique à l’origine de la plainte légitime de parents musulmans. C’est un vrai scandale !

Ce rapport est un des premiers de la nouvelle Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGésr), qui a été mise en place à la suite de la réforme décidée en 2019 par le chef de l’État. En 2023, l’IGésr est devenu un service d’inspection qui prend la relève de l’ancien corps, relativement autonome, des inspections pédagogiques aux niveaux national du ministère et régional des académies : nommés à vie, les inspecteurs généraux d’une discipline qui avaient nécessairement enseigné en défendaient jusqu’alors l’enseignement avec la collaboration locale des inspecteurs pédagogiques régionaux (IPR) dont la réforme a fait des inspecteurs d’académie (IA) aux ordres du recteur ; en revanche, les nouveaux inspecteurs généraux, nommés par le chef de l’État et recrutés sur un profil n’exigeant aucune expérience d’enseignement, assurent désormais un service de cinq ans, renouvelable une fois. Le cursus académique fait place à une carrière bureaucratique…

Il faut bien comprendre ce que cela signifie pour l’enseignant : l’inspection pédagogique des disciplines est devenue un service d’inspection disciplinaire (IG ésr) comparable à la police des polices (IG PN). La méthode inquisitoire bien décrite par Michel Foucault est la même dans les deux cas : il s’agit de faire avouer sa faute à l’agent de l’État considéré comme un délinquant institutionnel. La fonction de cette police de l’enseignement politiquement correct qui répond aux plaintes des usagers du service public, c’est la mise au pas des enseignants au nom d’une ‟excellence” désormais confondue avec l’obéissance inconditionnelle à l’autorité hiérarchique et la soumission aux demandes des consommateurs : à la moindre plainte émise par une famille ou une minorité agissante, qui a mal ressenti ce qui a été dit en classe sans l’avoir nécessairement bien compris, la mission des inspecteurs généraux ou académiques de nouvelle génération est de saborder l’enseignant controversé, et non pas de soutenir son autorité pédagogique contre une contestation déplacée.

Avec la mise en place de ce nouveau service de contrôle disciplinaire de la manière d’enseigner et des propos tenus en classe, le Pasdevague a subi une mutation en contradiction avec l’objectif affiché de rétablir l’autorité des enseignants contre menaces et violences : il s’agit bien, encore et toujours, d’éviter le scandale médiatique ; mais le moyen désormais employé, c’est de faire sauter le fusible qu’est l’enseignant contesté. À la moindre contestation, l’Éducation nationale dévore ses propres agents comme la révolution d’antan avait dévoré ses enfants…

Destruction et autodestruction de l’école républicaine

Mise sous pression par les agissements de véritables groupes d’intérêt qui veulent déterminer les contenus d’enseignement licites, l’institution scolaire cède et concède du terrain sur tous les fronts, sacrifiant les enseignants en première ligne à la moindre incartade. L’Éducation nationale est une cible d’autant plus vulnérable qu’elle est en proie à une autodestruction mise en œuvre par ses services de contrôle disciplinaire des professeurs. Mickaëlle Paty a doublement raison dans son diagnostic des défaillances actuelles de l’école républicaine. Elle prête en général le flanc à l’entrisme idéologique en faisant bon accueil aux plaintes victimaires de minorités agissantes : c’est dorénavant le ressenti des élèves et parents d’élèves qui sert de pierre de touche pour juger la manière de servir d’un enseignant (p. 93), et non plus la norme républicaine de la formation de l’esprit critique. Le livre sur le cours de M. Paty permet en particulier de démasquer ce que le rapport de l’IGésr a travesti en transformant une campagne islamiste en problème pédagogique (p. 130). Confronté à la poussée communautariste de l’islamisme depuis plusieurs décennies (p. 103-115), le ministère croit pouvoir ainsi répondre de manière pédagogiste à la violence endémique dans les établissements et aux revendications identitaires qui déstabilisent l’institution scolaire avec la complicité d’une partie des personnels (p. 131-136). Quel aveuglement !

Au moment même où le voile islamique était brûlé en Iran sur les places publiques, les établissements de l’hexagone faisaient à l’automne 2022 l’objet d’une offensive anti-laïcité relayée sur les réseaux sociétaux en faveur de la liberté de porter voile et autres vêtements permettant de manifester en public une forme d’appartenance à la communauté islamique. Cela fait système avec les différents coups de butoir qui accélèrent à l’heure actuelle le processus en cours de dés-instruction nationale :

  • parasitage de l’institution scolaire par des offensives islamistes sur des contenus interdits d’enseignement (shoah, théorie de l’évolution, etc.) et sur des coutumes vestimentaires à imposer (voile, abaya) ;
  • sabotage de l’enseignement secondaire par des actes terroristes et des menaces d’attentats sur les établissements scolaires ;
  • blocage de la formation universitaire à Sciences Po, à l’ENS et dans les facultés en soutien à la cause palestinienne défendue par des groupes islamo-fascistes.

Dans ce contexte, au moment où les complices de l’assassin de Samuel Paty ont été jugés, l’ouvrage salutaire de sa sœur sur son cours en appelle à un sursaut pour défendre les valeurs de l’école républicaine comme lieu d’instruction et d’émancipation…

Le professeur Paty a tracé la voie à suivre. Tout comme « Je suis Charlie » signifie la défense inconditionnelle de la liberté d’expression, « Je suis Paty » incarnerait la promotion de la laïcité républicaine comme condition de la liberté de penser !

Christiane F. 
professeur de philosophie

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