« David est arrivé plus tôt que d’habitude au collège du Bois-d’Aulne. Ses cours ne commencent qu’à 8h15 ce vendredi, mais il est en salle des profs dès 7h30 afin de s’entretenir avec une de ses collègues, Chloé. Celle qui est également prof d’histoire-géographie l’a appelé hier soir sur son portable, catastrophée. Au téléphone, elle lui demande s’il est au courant de la venue des parents de Zora plus tôt dans la journée et s’inquiète des répercussions du cours dispensé par Samuel Paty. « Samuel a merdé », lui glisse-t-elle. L’enseignante est également agacée par la ligne de défense de son collègue. Elle confie à David qu’il aurait affirmé à la principale que tous les professeurs présentaient les fameuses caricatures dans le cours d’EMC, ce qui a le don de l’énerver. Chloé confie à David qu’elle envisage de faire une lettre à l’inspection d’académie pour clarifier la position de toute l’équipe d’histoire-géographie, et ainsi se désolidariser de la présentation des caricatures – une démarche déloyale à laquelle David s’oppose explicitement… »

Ces lignes sont extraites du livre Les Derniers jours de Samuel Paty écrit par le journaliste Stéphane Simon. Elles ouvrent le chapitre intitulé « Samuel a merdé ». Elles sont glaçantes, comme le reste de l’ouvrage. Elles correspondent hélas à une situation que vivent bien des collègues.

Commémorer la mort de Samuel Paty trois jours après l’assassinat de Dominique Bernard ressemble à un cauchemar. L’engrenage dans lequel a été pris Samuel Paty était aussi un cauchemar. Action & Démocratie vous en donne un aperçu en permettant à tous les personnels de l’Éducation nationale, avec l’autorisation de l’auteur, de lire de larges extraits de ce livre édifiant, dont la quasi intégralité du chapitre « Samuel a merdé ».

En ce 16 octobre 2023, Action & Démocratie tient à renouveler tout son soutien à Mickaëlle Paty. La sœur de Samuel qui mène un combat déterminé pour obtenir la vérité, toute la vérité, et la justice, rien que la justice, est auditionnée par le Sénat ce jour. Avec son autorisation, nous vous faisons écouter sa lettre poignante. Et notre soutien ne se borne pas à des mots puisque, nous l’avons dit, nous nous porterons partie civile à ses côtés dans le procès qui aura bientôt lieu. Nous l’avions dit devant deux ministres. Et nous faisons ce que nous disons.

C’est également en hommage à la mémoire de notre collègue que nous avions baptisé « amendement Samuel Paty » notre proposition de réécriture de l’article premier de la « loi pour une école de la confiance » qui était censé défendre l’autorité des professeurs et qui leur enfonce un nouveau coup de poignard dans le dos en soumettant le respect qui leur est dû à leur engagement et leur exemplarité [sic]. Le respect sous condition, ce n’est pas le respect. Nous avons interpelé le ministre à ce sujet par une déclaration au conseil supérieur de l’éducation que nous vous invitons à imprimer et afficher.

Ni l’assassinat de Samuel Paty, ni celui de Dominique Bernard ne peuvent être réduits à des actes isolés, imprévisibles et contre lesquels on ne pouvait rien. Il est plus que temps de prendre la mesure des dysfonctionnements et des lâchetés qui rendent possibles de telles atrocités afin qu’elles n’aient plus la moindre chance de se reproduire. C’est un long et difficile combat qu’Action & Démocratie mènera avec détermination et fierté.