Liberté d’expression des personnels en danger !
Vous le savez déjà, deux de nos collègues de philosophie ont été suspendus sans traitement pour une durée de trois mois par le ministre de l’éducation nationale à cause de propos tenus sur le réseau social Twitter, l’un dans l’académie de Normandie, Franklin Nyamsi, l’autre dans celle d’Aix-Marseille, René Chiche. Dans les deux cas, leur expression en dehors de l’exercice de leurs fonctions est lourdement sanctionnée au nom du devoir de réserve, notion à laquelle le ministère donne une extension démesurée qui est contraire aussi bien à la jurisprudence qu’aux droits fondamentaux des citoyens que sont aussi les fonctionnaires.
Ici comme ailleurs, Action & Démocratie ne se contentera pas d’un simple communiqué de soutien à nos collègues. La liberté d’expression est le droit le plus fondamental au sein d’une société démocratique, et nous ne pouvons admettre que l’éducation nationale devienne une autre « grande muette ». Notre conception du syndicalisme et de la défense des intérêts matériels et moraux de la profession nous conduit donc à intervenir dans le recours formé par l’un de nos collègues contre cette décision stupéfiante afin qu’elle ne fasse pas jurisprudence.
Nous le faisons avec d’autant plus de détermination que, dans le cas de René Chiche, la procédure disciplinaire a été déclenchée en pleine période d’élections professionnelles, parallèlement à un dépôt de plainte émanant d’une députée qui s’est permise de mettre publiquement en doute ses qualités d’enseignant et, cerise sur le gâteau, avec des représentants des personnels, élus SNES-FSU et SIAES siégeant en commission paritaire, qui ont eux-mêmes voté pour qu’il soit durement sanctionné !
Nous n’avons décidément pas les mêmes valeurs que ces gens capables de réclamer une sanction sévère contre un collègue dont les propos leur déplaisent et qui est en concurrence avec eux au cours d’une élection. Il nous est souvent arrivé de soutenir des collègues scandaleusement sanctionnés même lorsqu’ils étaient membres d’autres organisations syndicales que la nôtre. Pour Action & Démocratie, le rôle d’un syndicat consiste à défendre tous les collègues injustement poursuivis, même ceux avec lesquels nous aurions des désaccords. Telle est notre conception de l’indépendance, du syndicalisme et de la défense des personnels, et nous en sommes fiers ! Nous continuerons à accueillir, en faisant preuve d’ouverture d’esprit et sans faire d’amalgame entre syndicalisme et politique, tous ceux qui font le choix d’un syndicat fiable et constant.
Actus
Notre liberté menacée : déclaration au conseil supérieur de l’éducation
Réforme des retraites, mise en place du Pacte enseignant, réforme des lycées professionnels : trois mesures gouvernementales qui dégradent à la fois les conditions de travail, les fins de carrière et le système de rémunération des professeurs. Mais, au-delà de ces aspects qui n’ont échappé à personne, ces mesures prises par des acteurs différents présentent un point commun d’une extrême gravité : elles diminuent fortement la liberté dont bénéficient les enseignants.
Enseignants, administratifs, AESH : vos nouveaux traitements à compter du 1er juillet
Le ministre de la fonction publique a annoncé une hausse dérisoire du point d’indice de 1,5%, très insuffisante par rapport à l’inflation de 5% prévue pour cette année. Avec une telle « augmentation », c’est notre pouvoir d’achat qui diminue encore ! Découvrez les nouvelles grilles de traitement (brut et net) actualisées pour les personnels enseignants, celles des AESH et les nouveautés concernant les personnels administratifs.
SNU sur le temps scolaire, éducation aux médias, « savoir vert » : ce n’est pas le rôle de l’école
Le gouvernement vient de supprimer sans états d’âme un enseignement du tronc commun au collège (la technologie), annonce un doublement de l’EMC pour parler des « valeurs de la République », de la laïcité ou de l’éducation aux médias, veut introduire une nouvelle épreuve d’écologie au brevet des collèges (« savoir vert »), instaure un service national sur le temps scolaire : ne laissons pas l’école être transformée en lieu d’embrigadement !
Le rectorat de Nantes, le proviseur et la laïcité
Après l’affaire de l’instituteur de Malicornay, suspendu par le rectorat d’Orléans-Tours et poursuivi pour « entorse à la laïcité » après avoir fait étudier quelques mythes bibliques dans le texte à ses élèves, voici un nouveau chapitre des dérives de l’institution dans l’application du principe de la laïcité, par le rectorat de Nantes cette fois : l’histoire d’un professeur agrégé hors classe en fin de carrière, en poste depuis plus de 20 ans dans un lycée d’une station balnéaire huppée du 44, qui fait l’objet d’un signalement pour « acte antirépublicain [sic] et de prosélytisme » par son proviseur suite à l’intervention d’un parent d’élève.