De nouveaux programmes en français et mathématiques pour le cycle 3 ont été publiés le 16 avril dernier au JO après avoir reçu un avis défavorable au Conseil supérieur de l’éducation le 27 mars 2025, la séance ayant presqu’entièrement été consacrée à ces deux programmes (sur la vingtaine de textes à l’ordre du jour) en raison du nombre record d’amendements déposés. Malgré l’examen un par un, de longues heures durant, de la plupart de ces amendements, dont un tiers avait pourtant été repris au préalable par la DGESCO, ces programmes ont été finalement rejetés par 4 pour, 45 contre, 13 abstentions et 2 refus de vote, avis défavorable qui n’a au demeurant aucune conséquence puisque le Conseil supérieur de l’éducation est une instance consultative seulement. AD s’est logiquement abstenu sur ces programmes en vertu de sa position exprimée dans sa déclaration préalable sur les vraies priorités, non sans avoir exposé ses motifs dans une explication de vote dénonçant aussi bien les conditions d’examen du texte que le dévoiement du droit d’amendement par certaines organisations.

Plus de 150 amendements avaient en effet été déposés par la seule FSU (SNUIPP) auxquels s’ajoutaient quelques dizaines d’amendements du SE-UNSA, une grande partie d’entre eux n’ayant cependant pour objet que de changer une virgule par-ci et un mot par-là, comme nous l’avions indiqué dans notre déclaration préalable. Tout ça pour ça ! Quel sens des priorités des uns et des autres alors que le navire « éducation nationale » prend l’eau de toute part !

Ces nouveaux programmes intéressaient d’ailleurs si peu les collègues que la consultation de ces derniers par la DGESCO n’avait suscité que 361 retours sur le programme de mathématiques. 361, soit 0.1% des professeurs des écoles ! L’écart entre le désintérêt absolu des collègues et le nombre record d’amendements déposés est toutefois révélateur : le discrédit d’une certaine forme de syndicalisme trouve là une explication autant qu’une illustration cruelle !

Dans ces conditions, AD/CFE-CGC s’est mis, pour la première fois, en refus de vote sur tous ces amendements, à deux exceptions : nous avons voté contre deux amendements lunaires du syndicat majoritaire visant à supprimer le mot « dictée » du programme de français car « il y a plein de façons d’apprendre l’orthographe » et « il ne faut pas brider la créativité »…  Nous avons cependant aussi voté pour trois amendements du même syndicat qui relevaient du bon sens.

A noter que depuis une intervention d’AD en Conseil d’État sur le non-respect par le ministère du délai légal de 12 mois entre la publication d’un programme et sa date de mise en œuvre, et un vœu du Conseil supérieur de l’éducation sur ce point, le ministère procède à un vote spécifique lorsque le ministre décide de ne pas respecter ce délai de 12 mois. Là aussi, un avis défavorable plus net a été émis par le Conseil supérieur de l’éducation par 4 pour, 54 contre (dont AD), 3 abstentions et 2 refus de vote.

Cela n’a évidemment pas empêché le ministère de publier ces programmes au mois d’avril, alors que nous avions mille autres préoccupations, et d’en exiger l’application pour la rentrée de septembre 2025. On reste cependant ébahi par la logique consistant à appliquer dès la rentrée 2025 en classe de sixième des programmes dont la partie qui concerne le CM2 s’appliquera quant à elle à la rentrée 2026… Comprenne qui pourra, et bonnes vacances !